À 92 ans, après un quart de siècle de militantisme pour la sauvegarde d’une rivière et son bassin versant, le Lanaudois Louis Trudeau estime qu’il reste encore beaucoup à faire malgré les progrès réalisés.
«Les gens aiment maintenant leur rivière et ils veulent en prendre soin, mais la conscientisation, ça se fait lentement», a affirmé en entrevue Louis Trudeau, faisant référence à la rivière Bayonne, un des principaux cours d’eau de Lanaudière.
Cette rivière traverse les municipalités de Saint-Félix-de-Valois, Saint-Gabriel-de-Brandon, Saint-Cléophas, Sainte-Élisabeth et Sainte-Geneviève-de-Berthier avant de se jeter dans le lac Saint-Pierre au sud.
PHOTO COURTOISIE / Organisme des bassins versants de la Zone Bayonne
À l’époque, [elle] était considérée comme un égout à ciel ouvert», se rappelle-t-il, ajoutant qu’on pouvait y trouver des carcasses d’animaux en raison, notamment, de la présence d’un abattoir à Saint-Félix-de-Valois.
M. Trudeau se rappelle aussi que le ramassage des ordures, qui n’était pas encadré comme il l’est maintenant, apportait son lot de problèmes.
«Chacun s’arrangeait et les gens allaient jeter ça sur le bord de l’eau ou dans un milieu humide, sans se rendre compte qu’ils polluaient», a-t-il relaté, disant avoir conservé jusqu’à ce jour des documents du gouvernement classant la rivière Bayonne comme une des pires rivières au Québec, en termes de pollution.
Notamment, de 2002 à 2005, la qualité de l’eau de la rivière Bayonne variait de «mauvaise» à «très mauvaise». Les raisons: une forte turbidité, un apport excessif en nutriments et une contamination bactériologique importante.
Mais, actuellement, ce sont les sécheresses qui posent problème. «Il y a des années de sécheresse où il y a moins d’eau dans la rivière, l’eau devient stagnante et il y a un risque de développer des algues destructives», nous a expliqué M. Trudeau.
«Et aussi, quand les gens manquent d’eau, ils ont tendance à aller chercher l’eau de la rivière, surtout les agriculteurs, a-t-il souligné. Il y a une dynamique à gérer qui n’est pas facile.»
Il faut savoir que plus de la moitié du bassin versant de la Bayonne est à vocation agricole.
Questionné au sujet de l’efficacité des autorités à agir pour faire face aux changements climatiques, l’environnementaliste bénévole déplore que «le gouvernement provincial privilégie encore l’économie à l’environnement». «Il traîne de la patte […]. Ça devrait être l’avenir de la planète en premier, l’économie devrait suivre la planète et non pas être une cause du réchauffement climatique.»
Pour faire évoluer les mentalités, Louis Trudeau souligne qu’au fil des ans, l’Organisme des bassins versants de la Zone Bayonne (OBVZB) au sein duquel il a évolué a entre autres amené les gens à planter des arbres en bordure de la rivière et des ruisseaux, et à faire des corvées de nettoyage.
M. Trudeau a par ailleurs écrit cinq livres dans lesquels il parle entre autres des moulins à farine et à scie qui étaient situés le long de la rivière, en plus de raconter des anecdotes sur 18 de ses ponts.
«On voulait leur raconter des histoires du passé pour qu’ils s’attachent à leur rivière, a-t-il expliqué. On s’est dit que si les gens aiment leur rivière, ils vont en prendre soin.»
Louis Trudeau a récemment reçu un hommage reconnaissance de l’OBVZB pour son travail acharné des dernières décennies.