La plupart des bateaux à moteur sont restés à quai, mardi 26 juillet, dans le bassin de plaisance du port de Duisburg, dans le nord-ouest de l’Allemagne. En cette période de l’année, un tel calme est inhabituel, mais John Friedhelm ne s’en plaint pas. « Avec la pluie qui a été annoncée pour aujourd’hui, il n’y a presque personne. C’est tristounet, mais pour une fois qu’il pleut, estimons-nous chanceux ! », plaisante cet employé du Ruhrorter-Yacht-Club, petit havre bucolique improbablement niché entre un pont à arc métallique et une centrale électrique au cœur du plus grand port fluvial d’Europe, à la confluence de la Ruhr et du Rhin.
Il n’y a pas si longtemps, John Friedhelm ne se serait pas réjoui de croiser si peu de plaisanciers, un jour d’été, à cause de la pluie. Mais, désormais, « chaque goutte est la bienvenue », explique-t-il en désignant la sortie du petit port. « Là-bas, il y a un banc de sable au milieu du chenal. Avant, il ne posait aucun problème car il y avait toujours assez d’eau pour que les petits bateaux à moteur qui sont ici entrent et sortent sans problème. Maintenant, c’est plus compliqué, et il y a intérêt à savoir manœuvrer si on veut éviter de rester coincé. »
Malgré ces « petits inconvénients », John Friedhelm n’est pas inquiet pour l’avenir du yacht-club. Certes, il faudra bien un jour installer de nouveaux pontons flottants car les actuels finiront par ne plus être adaptés à des eaux si peu profondes. Mais cela n’est rien par rapport aux autres défis que pose la baisse du niveau du Rhin. Un sujet qui, depuis la mi-juillet, fait les gros titres de l’actualité allemande, comme la crue historique d’un affluent du fleuve, pile un an plus tôt, avait sensibilisé les esprits au dérèglement climatique dans une région, la Rhénanie, qui se pensait volontiers à l’abri de ses conséquences.
« La situation actuelle est totalement inédite »
A vrai dire, la baisse du niveau du Rhin n’est pas un problème nouveau. Pour se faire l’idée la plus précise de la situation, le mieux est de se rendre à la station limnimétrique du port de Duisburg, une guérite blanche et bleue surmontée d’un compteur numérique qui affiche la profondeur du fleuve en gros chiffres orange.
En ce 26 juillet, celle-ci est de 1,98 mètre. « On a déjà connu pire. En 2018, le niveau était tombé ici à 1,53 mètre, se souvient le gardien. Mais à l’époque, c’était en octobre. Là, nous ne sommes que fin juillet, et le niveau est déjà inférieur d’un mètre à ce qu’il est d’habitude. S’il continue de faire si sec, la fin de l’été et le début de l’automne seront très difficiles pour la navigation. »
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