Beaucoup de bruit pour rien. Alors que les appels du pied des Occidentaux s’étaient multipliés ces dernières semaines, et que le président américain Joe Biden s’était même rendu à Riyad à la mi-juillet pour obtenir de l’Arabie saoudite qu’elle ouvre les vannes, et ce, afin de juguler la flambée des prix, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) n’aura finalement décidé qu’une hausse plus que symbolique de sa production d’or noir.
A l’issue de sa dernière réunion, qui s’est tenue mercredi 3 août à Vienne, les pays membres du cartel ont convenu d’une hausse certes mais de seulement 100 000 barils par jour pour le mois de septembre, ce qui, au regard des barils supplémentaires fixés les mois précédents, soit respectivement 432 000 puis 648 000, s’avère marginal.
« Alors que certains y voient un échec de l’initiative diplomatique américaine du mois dernier, souligne Vincent Manuel, directeur des investissements chez Indosuez Wealth Management, dans les faits, l’un des vrais enjeux reste la capacité de l’OPEP à produire plus. » Aujourd’hui, le cartel et ses partenaires affichent un déficit de l’ordre de 2,8 millions de barils par jour de moins par rapport au dernier accord de relèvement de la production en juin 2022.
La moitié de ce manque de production provient essentiellement de la Russie (1,4 million de barils par jour), du Nigéria et de l’Angola, tandis que l’Arabie saoudite produit légèrement en deçà de son quota et que les Emirats arabes unis sont en ligne. « L’Arabie saoudite et les Emirats pourraient conjointement produire deux millions de barils de plus par jour en théorie », détaille Vincent Manuel. Outre des difficultés techniques, la géopolitique peut expliquer le peu d’entrain à bouger : « Même si l’Arabie saoudite était disposée à répondre aux demandes américaines, des pays partenaires comme la Russie – qui ont leur mot à dire sur le relèvement des quotas – veulent maintenir des prix élevés. »
Une aubaine pour les majors du secteur
Coup d’épée dans l’eau ? Côté prix, en tous les cas certainement. Après avoir cédé 2,5 % à 92 dollars le West Texas Intermediate (WTI) est resté dans la zone de confort dans laquelle il évolue depuis plusieurs semaines. Depuis les débuts de la guerre en Ukraine, et les spéculations autour de la production russe, ce dernier avait touché un plus haut, en mars, à 123,70 dollars, niveau auquel il est revenu vers la mi-juin avant de glisser vers les 95 dollars. Au cours des trois derniers mois, ce tassement des cours coïncide avec les premiers signes de récession, la baisse des taux longs et les craintes sur la demande chinoise sous l’effet de la reprise de la politique « zéro Covid » de Pékin.
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