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Pourquoi n’y a-t-il pas encore le nombre de morts liées aux récentes vagues de chaleur en France?



Alors que l’Espagne annonce que plus de 1000 morts en juillet peuvent être liées aux vagues de chaleur successives, les autorités françaises n’ont pas encore délivré de chiffres sur le sujet.

Alors qu’une troisième vague de chaleur a déferlé sur l’Europe cette semaine, les premières estimations en termes de mortalité commencent à tomber. Récemment, l’Institut de santé Carlos III, basé à Madrid, a annoncé avoir recensé 1047 morts imputables aux fortes chaleurs en Espagne pour le seul mois de juillet. Le Portugal affiche des chiffres à peu près similaires après la dernière période caniculaire que le pays a subi: du 7 au 18 juillet, 1063 personnes auraient succombé à cause de la chaleur.

Quid du bilan français? Si le thermomètre a frisé les 40°C localement mercredi, lors de la troisième vague de chaleur enregistrée dans le pays cet été, les autorités rechignent pour l’heure à donner des statistiques, afin pouvoir “prendre du recul”.

Concernant la vague de chaleur de 2003, il avait fallu attendre le 25 septembre pour qu’un premier rapport annonce le bilan de 15.000 morts liées à la canicule. Cette année, un premier constat sera publié “à la fin de l’été”, assure Santé publique France à BFMTV.com.

Un nombre calculé à partir de la surmortalité

Pour établir ce bilan, l’agence sanitaire s’appuie chaque année sur les chiffres de la surmortalité durant les périodes de canicule. “La surmortalité est estimée par comparaison aux années précédentes, hors périodes de canicule, dans les départements et pendant les périodes où les seuils d’alerte canicule ont été dépassés”, détaille Santé publique France auprès de BFMTV.com.

Plus précisément, c’est en soustrayant le nombre de décès prévu initialement, comme pour une période “normale”, au nombre effectif de décès, que Santé publique France parvient à établir une estimation des morts imputables à la chaleur.

Pour l’heure, seuls quatre morts potentiellement liées à la canicule en juillet ont été remontées par la Direction générale du Travail. “Ces 4 décès ont eu lieu durant une vigilance canicule orange ou rouge”, précise Santé publique France dans son point du 26 juillet.

Quatre morts au travail en juillet

Parmi eux pourrait notamment figurer un ouvrier mort sur un chantier de Châtelaudren-Plouagat dans le Morbihan le 18 juillet dernier, alors que les températures montaient jusqu’à 38°c dans le département, comme le rapportent nos confrères du Télégramme.

Sans que les autorités ne l’aient là encore confirmé, un autre individu pourrait faire partie de ces statistiques après avoir succombé en Haute-Garonne, vers Verfeuil, alors qu’il faisait des prélèvements pour un cabinet de conseil sur le bord d’une autoroute sous 36°c, d’après le JDD.

Un bilan évidemment incomplet puisqu’il ne recense que les morts sur le lieu de travail, et non l’ensemble des décès liés aux épisodes de fortes chaleurs. Or, la population active est moins touchée lors des périodes de canicule que les personnes âgées: d’après le bilan de Santé publique France après les trois vagues de chaleur de l’été 2020, près de 72% des victimes avaient 75 ans et plus.

La chaleur comme cause de la mort, diagnostic compliqué?

Si les autorités sanitaires prennent des précautions pour établir le nombre de morts possiblement liées à la chaleur, c’est aussi parce que le diagnostic lui-même n’est pas forcément simple à réaliser. Dans le cas de l’ouvrier mort sur un chantier de Châtelaudren-Plouagat en juillet, même si l’impact de la chaleur fait peu de doutes, la cause principale du décès semble être l’arrêt cardiaque.

“Les certificats de décès posent toujours problème aux médecins: beaucoup ne savent jamais quoi mettre dans ces cas-là”, rapporte auprès de BFMTV.com le Dr Philippe Marissal. Trésorier du Syndicat national des Généralistes et des Gériatres intervenant en Ehpad (SNGIE), il revient notamment sur la difficulté d’établir certains certificats en période de canicule dans les établissements qui accueillent des personnes parfois très âgées.

“Faire un diagnostic pour canicule est très compliqué. On peut indiquer une déshydratation, une baisse de tension ou une hausse de la température, mais on va plus rarement préciser ‘canicule’ sur le certificat. C’est assez approximatif”, précise le médecin.

La canicule peut exacerber d’autres pathologies

Ce à quoi s’ajoutent les pathologies que pouvaient présenter ces patients avant de mourir. Les fortes chaleurs “exacerbent souvent des problèmes de santé pré-existants”, commentait Hans Kluge, le directeur de l’Organisation mondiale de la Santé en Europe, après avoir annoncé un premier bilan des morts dans la péninsule ibérique mi-juillet.

D’où la méthode utilisée par Santé publique France de prendre appui sur les chiffres de la surmortalité: celle-ci “est considérée comme un bon indicateur de l’impact des vagues de chaleur, les pathologies spécifiquement liées à la chaleur (hyperthermie, déshydratation) ne constituant qu’une part de l’impact total, et étant par ailleurs souvent sous-déclarées”, écrit l’agence dans un document retraçant la méthodologie pour l’analyse des effets des vagues de chaleur.

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