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La fièvre retombe sur le marché de la fibre optique


Dans les télécoms, la parenthèse paradoxalement positive du Covid est terminée. Après avoir littéralement explosé pendant les confinements, la croissance des nouveaux abonnés à la fibre optique ralentit et a même retrouvé, chez certains acteurs, le niveau pré-pandémie. La tendance a été observée chez Orange, SFR et Bouygues Telecom, qui viennent tous de présenter leurs résultats du deuxième trimestre, Iliad pour sa part publiant fin août.

Orange, par exemple, a recruté 263.000 nouveaux clients fibre sur les trois derniers mois. C’est certes plus qu’à la fin 2019 (+239.000), avant l’épidémie, mais presque deux fois moins par rapport au pic historique (+388.000 au quatrième trimestre 2020, après le semi-confinement de l’automne-hiver). « Le marché fixe se normalise après le fort engouement provoqué par la généralisation du télétravail », explique l’opérateur.

Bouygues Telecom, lui, a enregistré 143.000 nouveaux abonnés fibre, soit… presque autant qu’à la fin 2019 (+141.000) et nettement moins qu’à la fin 2020 (+225.000). « Le Covid avait provoqué une bulle de connexions. Depuis le début 2022, ça se résorbe un peu », constate Benoît Torloting, le directeur général de Bouygues Telecom.

Rolls Royce du très haut débit

Car entre-temps, plusieurs phénomènes sont entrés en jeu. Le retour progressif au bureau et le retour de l’éducation « en présentiel » font que le passage de l’ADSL à la fibre est moins urgent pour de nombreux Français. A cela s’ajoute l’impact de l’inflation (+6,1 % en juillet selon l’Insee) qui réoriente les dépenses des ménages. Le prix des offres fixes a d’ailleurs encore augmenté en 2021 (+5,1 % selon l’Arcep, le régulateur des télécoms) contre « seulement » 1,9 % en 2020.

Rien à voir donc avec la situation il y a deux ans, bien avant la guerre en Ukraine, lorsqu’Internet était devenu, du jour au lendemain, l’unique moyen permettant de travailler, d’apprendre, ou de se divertir… Entre 2020 et 2021, 4 millions de Français et d’entreprises sont passés à la fibre de bout en bout, la Rolls-Royce du très haut débit, soit une hausse de 39 %. Une excellente nouvelle à l’époque pour les opérateurs. Depuis le lancement du plan France Très Haut Débit en 2013, les « telcos » ont investi des milliards dans ce nouveau réseau censé durer des décennies et qu’il faut remplir pour le monétiser.

De nouveaux comportements

Malgré ce petit ralentissement, les opérateurs restent confiants. Aujourd’hui, l’Hexagone compte plus de 15 millions d’abonnés à la fibre optique. Mais cela ne représente « que » la moitié du parc éligible à cette technologie. Par ailleurs 12 millions de personnes et d’entreprises accèdent encore au haut débit via des offres DSL.

Côté déploiements, la reprise progressive des AG de copropriétaires, gelées pendant le Covid, va aussi permettre aux opérateurs de fibrer les immeubles restants, sachant que 89 % des zones très denses sont déjà couvertes par ces précieux fils de verre. Les campagnes aussi offrent un beau réservoir de croissance, avec un taux de couverture de « seulement » 52 %. A l’échelle nationale, les déploiements de fibre ont commencé à baisser, mais ils continuent en revanche de progresser dans les zones moins denses.

Mais surtout, le Covid a installé pour de bon de nouveaux comportements, comme la téléconsultation médicale, le travail à distance, la visioconférence… Le trafic sur les réseaux des opérateurs télécoms reste d’ailleurs à des niveaux très élevés, notamment en soirée lorsque les plateformes comme Netflix monopolisent jusqu’à 70 % de la bande passante. « Les modifications des schémas de vie et du travail sont toujours en cours », estime Benoît Torloting.

Plan cuivre

A plus long terme, le retrait du vieux réseau cuivre historique d’Orange, utilisé par 20 millions de Français, devrait aussi permettre aux opérateurs de recruter davantage d’abonnés fibre. Orange s’est engagé à mettre au rebut ce réseau vétuste et sujet aux pannes d’ici à 2030, avec un plan en deux étapes. La première étape, jusqu’en 2025, consistera à arrêter de remplir la baignoire. Dans les zones où les quatre opérateurs ont installé la fibre, plus aucun nouvel abonné ne pourra souscrire à une offre cuivre ADSL.

Puis à partir de 2026, les abonnés cuivre existants, dès lors qu’ils se trouveront dans une zone fibrée, devront souscrire à une offre fibre. SFR, Bouygues et Free veulent davantage encadrer ce chantier, afin qu’Orange n’en profite pas pour renforcer son poids dans la fibre. L’opérateur historique compte déjà 6,5 millions de clients fibre, devant SFR (4,2 millions), Free (4 millions au 1er trimestre) et Bouygues Telecom (2,6 millions).

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