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« L’Union européenne ne retrouvera une voix puissante dans le concert des nations que si elle assure sa souveraineté alimentaire »


La Russie, l’Ukraine et la Turquie sont récemment [le 22 juillet] parvenues à la signature d’un accord qui garantit pour les quatre prochains mois les exportations céréalières ukrainiennes en mer Noire. Alors que les belligérants pèsent plus de 30 % de la production mondiale de blé (12 % pour l’Ukraine), la guerre en Ukraine a aggravé le risque de famine.

En 2021, l’ONU enregistrait déjà 40 millions de personnes supplémentaires en détresse alimentaire, et potentiellement plus de 200 millions à la fin de l’année 2022. Cette situation doit conduire l’Union européenne (UE) à mener une politique extérieure cohérente et assurer sa souveraineté alimentaire pour éviter de nouvelles crises.

Des effets limités

Le conflit ukrainien a fortement perturbé les marchés agricoles par le blocage des exportations céréalières ukrainiennes.

D’une part, une partie des champs de blé ukrainiens ont été détruits par les combats. Les exploitants agricoles ukrainiens ont éprouvé des difficultés pour accéder aux fertilisants et aux autres intrants.

D’autre part, les ports ukrainiens ont été paralysés par le blocus imposé par la Russie et ont été en partie détruits par les bombardements. Ainsi, plus de 20 millions de tonnes de céréales (soit environ 1 % de la consommation mondiale) ne peuvent être exportées.

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Si les effets sur les volumes d’exportations seront limités, il s’agit, pour l’Ukraine, d’un accord symbolique pour reprendre les échanges commerciaux avec le reste du monde. Pour compenser cette victoire ukrainienne, la Russie obtient en échange des garanties sur ses propres exportations agricoles, ainsi que la fin des blocages indirects concernant le transport maritime, imposés par les pays occidentaux.

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Alors que la Russie a renoué depuis la chute du communisme avec une stratégie agricole offensive pour s’imposer comme une puissance agricole mondiale de premier rang, cet accord lui offre des perspectives économiques pour ne pas risquer l’isolement et donc poursuivre son effort de guerre sur la durée.

Cet accord symbolise l’avènement d’un monde marqué par la renaissance des nations-empires qui aspirent à une domination hégémonique sur leur zone d’influence géographique

La guerre en Ukraine marque le retour de l’agriculture et de l’alimentation dans le giron géopolitique. Le « food power » [« pouvoir alimentaire »] de la Russie contribue directement à l’envolée du cours du blé, structurellement au-dessus de 400 euros la tonne depuis l’intervention en Ukraine [438 euros mi-mai, 325 euros le 22 juillet]. En effet, Vladimir Poutine a pu prendre en otage la communauté internationale puisque quarante-cinq pays du Sud importent depuis l’Ukraine ou la Russie au moins un tiers de leur consommation de blé, à l’image de l’Egypte (102 millions d’habitants) qui importe 59 % de son blé d’Ukraine et de Russie. Cette envolée des prix alimentaires aura un double effet.

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