Les joueurs ont visiblement appuyé sur « pause ». Très consommateurs de jeu vidéo pendant les confinements de 2020 et l’année qui a suivi, ils ont désormais logiquement levé les mains de manettes alors que les sorties en extérieurs sont de nouveaux possibles en Amérique, en Europe et au Japon. Avec l’inflation qui pousse à des arbitrages sur le budget du loisir et l’absence de blockbusters dans les nouveautés, ce cocktail d’été a fait tousser les éditeurs de jeu vidéo.
Coup sur coup, les quatre mastodontes mondiaux sont venus confirmer la crise de croissance du secteur vidéoludique. Objet de spéculations le donnant dans le viseur des géants de la tech en vue d’un rachat, le français Ubisoft (Assassin’s Creed, Rainbow Six) avait donné le ton en annonçant fin juillet des ventes meilleures que prévu mais en recul de 10 % d’avril à juin dernier (à 318 millions d’euros) par rapport au même trimestre un an plus tôt.
Le « pincement » de l’inflation
Le 2 août, le géant Activision (Call of Duty, Candy Crush) en passe d’être racheté par Microsoft avait enregistré un troisième trimestre consécutif de baisse de ses revenus, à -28 % pour 1,6 milliard de dollars. Electronics Arts (Fifa, les Sims) avait de son côté déçu les analystes en envisageant une croissance de seulement 1,3 à 4 % pour les recettes du trimestre en cours, très loin des +58 % de l’année dernière à la même époque.
De son côté, l’américan Take-Two à l’origine de la franchise GTA a perdu 5 % en Bourse le jour où son patron a lui aussi indiqué des prévisions jugées décevantes par les investisseurs. « Si vous ressentez le pincement de l’inflation, en particulier en ce qui concerne les dépenses contraintes comme le carburant et la nourriture, vous pouvez imaginer que si vous jouez à un jeu, vous pourriez choisir de dépenser un peu moins ou de dépenser un peu moins fréquemment », expliquait son PDG Strauss Zelnick lors d’une conférence avec des analystes.
Rebond attendu en 2023
Pour l’instant vu comme très passager, ce retournement du marché faisait l’objet de signes avant-coureurs. Plusieurs sociétés du secteur comme Niantic, Unity, GameStop parlait de licenciement ces derniers temps. Plus précis encore, le cabinet spécialisé Ampere Analysis avait prédit début juillet que le marché du jeu vidéo allait reculer de 1,2 % en 2022 par rapport à 2021, à 188 milliards de dollars de revenus.
Mais, au grand bonheur des éditeurs, ce même cabinet anticipe un rebond de 4 % et un record historique du chiffre d’affaires de l’industrie vidéoludique mondiale pour 2023. Sur le long terme, les drapeaux sont aussi au vert, à entendre les patrons du secteur. Confinés ou pas, les joueurs de demain sont attendus comme plus engagés dans les jeux et prêts à y dépenser plus que leurs aînés.
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