« Personne ne va mourir », a lancé le ministre Pierre Fitzgibbon à l’entrée de la réunion du Conseil des ministres mercredi, faisant référence aux compagnies qui dépassent les normes de pollution.
C’était une phrase qui en disait tellement long sur l’attitude pro-business de Fitzgibbon et de Legault. Les entreprises d’abord, les citoyens ensuite.
C’est une attitude qui sera sous la loupe quotidiennement pendant la campagne électorale.
Laissez faire
« Laissez faire » est le mot d’ordre de Legault et son gouvernement, Fitzgibbon en premier.
Les propriétaires ripoux expulsent les locataires par le biais de « rénovictions » dolosives ? Laissez faire.
Les grandes pétrolières appliquent de façon injustifiable des prix à la pompe plus élevés au Québec qu’en Ontario ? Laissez faire.
Des compagnies dépassent les normes de pollution mettant en danger la santé des citoyens ? Laissez faire.
Les minières veulent aller chercher le graphite jusque dans les réserves de biodiversité ? Laissez faire.
Santé et environnement
La Santé publique a déjà bien établi que les dépassements tolérés à la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda étaient reliés à des augmentations de cancers des poumons, entre autres.
Ils ont essayé de cacher l’information !
Fitzgibbon ne connaît strictement rien en santé et c’est précisément ce que valent ses garanties que « personne ne va mourir » : strictement rien.
Rappelons qu’en 2006, l’Assemblée nationale a adopté, à l’unanimité, la Loi sur le développement durable qui modifiait la Charte des droits et libertés de la personne du Québec pour ajouter un nouvel article qui se lit comme suit :
« 46.1. Toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi, de vivre dans un environnement sain et respectueux de la biodiversité. »
Disons-le fièrement, le Québec est l’une des rares juridictions à avoir consacré dans une charte quasi constitutionnelle le droit de vivre dans un environnement sain.
Depuis son adoption, cet article a permis d’établir une belle jurisprudence qui aide à protéger l’environnement et la santé, qui sont intimement reliés.
Legault et la Charte
François Legault n’est pas un grand fan de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.
En fait, lorsqu’il fait passer une loi controversée (par exemple la loi 21 ou la loi 96), il a recours à ce qu’on appelle la clause nonobstant, balayant de côté des droits normalement garantis par cette Charte. C’est une tendance lourde chez lui.
Ici, Legault n’a pas eu recours à la clause nonobstant.
Lui et son gouvernement font tout simplement défaut d’appliquer les normes qui existent pour garantir l’environnement sain auquel le public a droit.
Le résultat est le même. Le droit à la vie et le droit de vivre dans un environnement sain sont bafoués.
La Charte québécoise était, jadis, une fierté. Elle a été adoptée sous Bourassa et René Lévesque en avait fait parvenir une copie dans chaque résidence du Québec à la suite d’une série d’amendements quelques années plus tard.
C’est sa signature que l’on retrouve sur la version imprimée la plus répandue.
Aucun danger que François Legault en envoie à son tour une copie dans toutes les chaumières, car, pour lui, la Charte des droits et libertés de la personne est un obstacle à contourner, pas une fierté nationale.