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« L’anxiété est une réponse inévitable, et même saine, aux menaces écologiques »


L’angoisse face au changement climatique porte un nom : l’écoanxiété. Elle concerne en France près de 80 % des jeunes et de très nombreux adultes. Comment faire pour ne pas être dévoré par cette inquiétude ? Pour ne pas paniquer en regardant sur Instagram la forêt amazonienne qui brûle et les koalas australiens qui meurent ? Comment ne pas sombrer dans la dépression alors que les choses n’avancent pas assez vite ?

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Dans cet épisode de « Chaleur humaine », diffusé le 21 juin sur le site du Monde, Nabil Wakim échange avec Laelia Benoit, pédopsychiatre, chercheuse à l’université Yale (Etats-Unis) et à l’Inserm. Elle mène actuellement une vaste étude sur l’impact du changement climatique sur la santé mentale des enfants et des adolescents.

En 2017, les professionnels ont défini l’écoanxiété comme une « détresse émotionnelle, mentale ou physique face à la crise climatique ». On parle aussi de « peur chronique » des catastrophes environnementales. Est-ce qu’il s’agit d’une nouvelle pathologie ?

Mettons-nous d’emblée d’accord sur le fait que toutes les associations de professionnels qui s’occupent d’écoanxiété, notamment l’Association américaine de psychologie et l’Alliance pour la psychologie climatique, considèrent que ce n’est pas une maladie. Elles s’accordent à dire que l’anxiété est une réponse inévitable, et même saine, aux menaces écologiques auxquelles nous sommes confrontés. Donc, ce ne sont pas les personnes écoanxieuses qu’il faut soigner, mais le changement climatique qu’il faut arrêter !

Quand un adolescent vient vous voir, vous ne pouvez donc pas lui prescrire de traitement médicamenteux ?

Si on médicalisait, on individualiserait le problème et, logiquement, on concentrerait nos efforts sur la recherche d’un médicament miracle. Or on n’a pas le temps actuellement de perdre des décennies d’efforts et d’argent sur ce point au lieu de s’intéresser à la crise climatique. L’équation est en fait assez claire : pas de changement climatique, pas d’écoanxiété.

Vous avez interrogé plusieurs centaines de jeunes pour les études que vous menez. Que disent-ils ?

A l’exception de certains enfants au Brésil, issus de milieux extrêmement défavorisés et qui n’ont vraiment aucune notion du changement climatique, tous sont inquiets dès lors qu’ils ont un minimum d’informations. Ils disent qu’ils aimeraient trouver des solutions. Souvent, ils ont pas mal d’enthousiasme pour se lancer dans des activités, pour faire leur part. Ils disent aussi qu’ils aimeraient en savoir plus, qu’ils recueillent leurs informations soit sur Internet, soit en famille, dans les familles qui parlent. Dans les familles où l’on ne discute pas de ce sujet – surtout des familles défavorisées –, les enfants sont informés grâce à l’école. Donc je pense qu’il ne faut pas sous-estimer le rôle de l’école dans ce qu’ils apprennent.

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Written by Stephanie

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