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Comment le gaz de TotalEnergies sert de carburant aux avions de combat russes en Ukraine

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L’oligarque russe Gennadi Timtchenko (à gauche) avec le PDG de Total, Patrick Pouyanné (à droite) lors d’une réunion avec des hommes d’affaires étrangers au SPIEF 2019 Forum économique international de Saint-Pétersbourg, en Russie, le 7 juin 2019.

En Russie, TotalEnergies n’exporte pas seulement du gaz vers l’Europe, comme il l’explique souvent pour justifier sa présence sur place. Le géant pétrolier français exploite, avec son partenaire local Novatek, un gisement d’où sont extraits des condensats de gaz, un hydrocarbure liquide qui, une fois transformé en kérosène, sert à ravitailler des avions de combat russes engagés dans la guerre en Ukraine. L’entreprise Terneftegaz, qui exploite ce gisement, est détenue à 49 % par TotalEnergies et à 51 % par Novatek.

Grâce aux informations compilées par l’ONG Global Witness et obtenues auprès de la base de données financières Refinitiv, détenue par la Bourse de Londres, Le Monde a pu retracer la chaîne d’approvisionnement qui mène du gisement de gaz de Termokarstovoïe, en Sibérie, jusqu’à deux bases aériennes militaires (Morozovskaïa et Malchevo) abritant chacune un escadron d’avions de combat multirôle. Ces escadrons sont accusés par Amnesty International et Human Rights Watch d’avoir frappé la population civile ukrainienne, notamment le bombardement du Théâtre de Marioupol, qui aurait causé la mort d’environ 600 personnes, le 16 mars 2022. Un « crime de guerre avéré », selon Amnesty International.

Lire aussi l’éditorial : TotalEnergies en Russie : il faut cesser de fermer les yeux

Dans ce cas, il est encore difficile d’attribuer la responsabilité du bombardement à un équipage précis. Les enquêteurs d’Amnesty International avancent que « l’appareil russe le plus susceptible d’avoir mené l’attaque est un avion de combat multirôle de type SU-25, SU-30 ou SU-34, qui sont déployés sur des aérodromes voisins ». La plupart des bombardements sur Marioupol (440 000 habitants au début de l’invasion) ont été effectués par des avions de combat basés à Morozovskaïa, situé à 350 kilomètres de la cible, dans la région de Rostov. Le Monde a recueilli plusieurs témoignages de survivants de Marioupol racontant avoir subi les bombardements d’avions Soukhoï (dont le préfixe est SU-) qui tournoyaient fréquemment dans le ciel de la ville.

Rôle minimisé

Le groupe français, qui a publiquement condamné l’invasion russe en Ukraine (tout en omettant de traduire cette condamnation en langue russe sur son site Internet), minimise son rôle dans l’exploitation du condensat de gaz. « TotalEnergies n’est pas opérateur des installations de Terneftegaz, qui sont opérées par du personnel de Novatek », précise-t-il, ajoutant qu’il « ne participe pas aux décisions de valorisation des condensats par Novatek » et n’a « pas de contrôle sur ses ventes. » L’actionnaire majoritaire Novatek est-il seul à prendre toutes les décisions avec 51 % des parts de la coentreprise ? « Les seuils de majorité dépendent de la nature des décisions », admet TotalEnergies, reconnaissant de facto être en mesure de bloquer certaines décisions.

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