« Les océans se meurent et les gens en paient le prix. » A New York, les messages alarmants se succèdent dans la nuit du dimanche 21 août, projetés en lettres géantes par Greenpeace sur le bâtiment des Nations unies et la façade du Musée Guggenheim. Les visages en gros plan de militants et de célébrités comme Jane Fonda interpellent les délégués de la conférence intergouvernementale chargée de préparer le traité pour la protection de la biodiversité en haute mer, autrement dit l’immensité qui s’étend au-delà de 200 milles nautiques (370 kilomètres) des côtes. Un texte technique, mais qui va néanmoins « déterminer le sort de notre Planète bleue pour les siècles à venir », insiste le collectif d’ONG High Seas Alliance.
A grand renfort de happenings et de pétitions pour un traité ambitieux – dont une a récolté cinq millions de signatures –, ces organisations font redoubler leurs pressions sur les ambassadeurs et les juristes qui ont entamé leur deuxième semaine de négociations à New York. Cette cinquième session de travail, qui devrait prendre fin le 26 août, est prévue pour être la dernière. Elle marque l’aboutissement d’un processus entamé en décembre 2017, après des années de discussions informelles.
Le secrétaire d’Etat à la mer, Hervé Berville, s’est lui-même rendu à New York, les 15 et 16 août, avec sensiblement le même message que les ONG. « La France et l’Union européenne souhaitent qu’un accord de caractère universel soit conclu en 2022, affirme-t-il. J’espère qu’au moins quarante ou cinquante pays seront prêts à le ratifier. Il y a un momentum politique à ne pas rater : nous n’avons plus de temps à perdre, cela implique de lancer toutes nos forces dans la bataille. » Soulignant qu’il est sans doute le seul ministre à s’être déplacé, il assure qu’il n’a cessé depuis son retour d’appeler au téléphone ses homologues pour les convaincre. « On avance bien… mais les sujets ne sont pas faciles », admet-il.
Utilisation durable des ressources
Une ébauche de texte remise aux délégués dimanche 21 août a été accueillie positivement par les négociateurs, selon les ONG présentes. Elles se disent plutôt optimistes, même si les déclinaisons concrètes du traité restent pour une bonne part entre crochets, donnant lieu à des interprétations encore contradictoires de la part des Etats. Mais l’effet de la « coalition de haute ambition » en faveur de l’adoption d’un traité en 2022 est perceptible. Lancée à Brest (Finistère) en février, cette coalition s’est renforcée en juillet à Lisbonne à l’occasion de la deuxième conférence des Nations unies sur les océans, et rassemble à présent une cinquantaine d’Etats, dont l’Union européenne.
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