Bombardements à proximité d’un réacteur, lignes électriques endommagées, conditions de travail particulièrement stressantes, difficultés à faire venir les pièces nécessaires aux opérations de maintenance ou de réparation… La guerre menée par la Russie a largement dégradé le niveau de sûreté de la centrale de Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine, faisant craindre un accident nucléaire.
De même technologie que les réacteurs français, les six unités de la plus grande centrale d’Europe disposent de systèmes de sûreté similaires à ceux des autres pays européens. Après l’accident de Fukushima, en 2011, au Japon, l’Ukraine a par exemple amélioré ses installations pour pouvoir faire face à une situation de perte totale de l’alimentation électrique. Elle dispose ainsi d’une vingtaine de diesels de secours, qui pourraient prendre le relais en cas de rupture de l’approvisionnement et peuvent fonctionner sept jours avant de devoir être rechargés en combustible. L’approvisionnement en électricité est un élément primordial pour le fonctionnement des centrales, qui permet de refroidir les réacteurs et d’éviter une fusion du cœur.
Mais l’installation de Zaporijia, comme toutes les autres centrales, n’a pas été conçue pour opérer dans un contexte de conflit armé. « La robustesse des murs et la redondance des systèmes de sûreté sont des facteurs favorables en cas de tirs sur les bâtiments abritant les réacteurs, mais jusqu’à un certain point », note ainsi Olivier Gupta, le directeur général de l’Autorité de sûreté nucléaire et président de l’Association des autorités de sûreté nucléaire des pays d’Europe de l’Ouest.
Mesures en temps réel
Si le scénario du pire – un accident avec rejet radioactif – venait à se produire, trois types de mesures d’urgence permettant de protéger les populations seraient à disposition des Etats : l’évacuation des populations se trouvant à proximité immédiate de la centrale ; la mise à l’abri, c’est-à-dire le fait de demander aux habitants de rester à l’intérieur ; et la prise de comprimés d’iode, qui permettent de saturer les glandes thyroïdiennes en iode non radioactif, afin que l’iode radioactif inhalé ne puisse s’y fixer. « L’Ukraine, qui dispose d’un plan national de réponse et de plans locaux pour les zones situées autour des centrales, est préparée à mettre en place des actions dans un rayon de 50 kilomètres autour des installations », explique Philippe Dubiau, directeur délégué à la crise auprès du directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). La guerre menée par la Russie pourrait toutefois compliquer grandement la mise en œuvre de ces dispositifs : comment se mettre à l’abri dans des maisons détruites ou appeler des gens à se déplacer dans une zone de combat ?
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