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En Inde, « les mafias du sable ont le pouvoir, l’argent, les armes »

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Loin à l’abri des regards, à bonne distance de marche de la première route, une douzaine d’hommes éventrent les flancs de la rivière Son. Torse nu, pelle à la main, ils piochent, depuis l’aube, pour amasser le pila sona – l’« or jaune » : le sable de ce cours d’eau, l’un des principaux affluents du Gange, est réputé pour être d’excellente qualité. Au-dessus de leur tête, la rive plonge à pic sur une vingtaine de mètres. Pour 400 roupies (environ 5 euros) par jour, ils s’éreintent au pied de cette falaise de sable qui risque à tout moment de les ensevelir, sous la surveillance de jeunes hommes contrôlant la zone. « Je n’ai pas d’autre option pour nourrir ma famille, justifie Bhugar Rai, 25 ans. Si je ne travaille pas ici, nous aurons faim. »

Des hommes piochent les rives du Son, un affluent du Gange, pour récupérer le « pila sona », dans l’Etat du Bihar, en Inde, le 23 juin 2022.
Des bateaux stationnent sur plusieurs kilomètres le long des rives du Son, dans l’Etat du Bihar (Inde), et seront bientôt remplis de ce sable, le 23 juin 2022.

Sur plusieurs kilomètres, des centaines de longs bateaux patientent dans les criques qui grignotent le lit de la rivière telles des bouches affamées. Quelques heures plus tard, des pelleteuses viendront remplir leurs cales. Sur l’un d’eux, une dizaine de travailleurs expliquent qu’ils achètent une cargaison en unissant leurs fonds. Ils la revendront un peu plus loin, faisant un maigre bénéfice qu’il faudra partager. Dans leur galère quotidienne, tout devient toujours plus compliqué.

Il y a le niveau de la rivière en baisse, qui rend la navigation plus difficile. Il y a eu la pandémie de Covid-19. Et maintenant l’interdiction de toute extraction pendant les quatre mois de mousson décrétée par les autorités du Bihar. « Nous ne pouvons plus prendre de sable dans la partie centrale de la rivière, nous sommes obligés de nous cacher par peur des policiers, explique Doman Rai sur le pont de l’embarcation. Ils nous arrêtent et nous mettent en prison, confisquent les véhicules. » « Cette interdiction affecte les plus pauvres, ajoute Anil Kumar, à ses côtés. Il n’y a pas d’usine ici, pas d’industrie, comment peut-on survivre ? »

L’Etat rural du Bihar, situé dans le nord-est de l’Inde, est l’un des plus pauvres et des plus densément peuplés. Comme dans le reste du pays, la très forte croissance démographique entraîne un essor de la construction, qui génère à son tour une explosion de la demande en sable. Cette ressource, la deuxième la plus consommée à l’échelle mondiale après l’eau, est la pierre angulaire du secteur du bâtiment. L’Inde est le deuxième producteur mondial de ciment (330 millions de tonnes en 2021, contre 260 millions en 2014), derrière la Chine, et prendra dès 2023 la première place en termes de nombre d’habitants (plus de 1,4 milliard).

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