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L’intensification des évènements climatiques extrêmes alimente les conflits en Afrique


Les habitants de Kubdisha, dans le comté de Mandera dans l’extrême nord-est du Kenya, à la frontière avec l’Ethiopie et la Somalie, remplissent leurs réservoirs d’eau deux fois par semaine, grâce une livraison d’eau de l’ONG Save the children.

La hausse des températures, l’élévation du niveau des mers plus rapide que la moyenne mondiale, l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes – sécheresses, inondations, vagues de chaleur… – hypothèquent les conditions d’existence d’une part croissante de la population du continent, selon le rapport sur l’état du climat de l’Afrique publié jeudi 8 septembre par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). La troisième édition de ce rapport recense les « anomalies » climatiques observées en 2021. Une année considérée comme la troisième ou la quatrième année la plus chaude jamais enregistrée sur le continent, selon la référence utilisée.

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Ces données atypiques matérialisent le grand dérèglement à l’œuvre dans la région du monde la moins émettrice de gaz à effet de serre, en particulier pour les populations rurales dépendantes des ressources naturelles pour survivre. « Les régimes pluviométriques sont perturbés, les glaciers disparaissent et les principaux lacs rétrécissent, » résume le rapport.

Famines, inondations, maladies

Derrière ce constat général surgit une énumération de crises de grande ampleur : la sécheresse toujours à l’œuvre dans la Corne de l’Afrique, avec ses millions de personnes en situation de crise alimentaire sévère ou de famine annoncée comme en Somalie ; la sécheresse historique aussi dans le sud de Madagascar et dans une moindre mesure dans la majorité des pays du Sahel ; les inondations ensuite provoquées par des pluies brutales comme au Soudan du Sud, où pour la troisième année consécutive en 2021, le pays a fait face au débordement des lacs et des rivières du bassin amont du Nil.

Plus à l’est, au Niger, 200 000 personnes ont dû être déplacées en raison des crues, 70 ont péri. Cette année, le bilan sera plus lourd encore : plus d’une centaine de victimes ont été dénombrées depuis le mois de juin alors que les autorités anticipent des inondations jusqu’à la fin du mois de septembre. Le rapport souligne également les conséquences des inondations survenues au Nigéria sur la diffusion d’une épidémie de choléra.

Une place est aussi faite aux tempêtes de poussière et de sable qui ont plongé dans le brouillard une partie du Nigéria, de la Libye, de l’Egypte, de l’Algérie conduisant localement à la fermeture de plusieurs ports et à la suspension de liaisons aériennes.

700 millions de déplacés climatiques en 2030 ?

Dans un contexte de croissance démographique toujours forte, les auteurs redoutent avant tout les effets de la crise climatique sur l’accès à l’eau : celle nécessaire à la consommation humaine, à l’élevage dans les zones pastorales, à la production agricole mais aussi au fonctionnement des barrages hydroélectriques pour la fourniture d’électricité. « 250 millions de personnes pourraient se trouver concernées par des pénuries d’eau d’ici à 2030 et 700 millions de personnes pourraient être contraintes de se déplacer », avertissent-ils. « Il est probable que les migrations liées au climat contribuent à concentrer les populations et à créer des zones surpeuplées et informelles. Tout cela accroît les risques de tensions et de conflits entre les communautés ». Des chiffres difficilement concevables, qui figuraient pourtant déjà dans les conclusions du rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat publié en février.

La raréfaction des ressources a déjà précipité les affrontements dans le nord du Cameroun provoquant plusieurs milliers de déplacés internes et plus de 30 000 réfugiés au Tchad voisin en décembre 2021, rappelle le rapport en citant le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).

Au-delà des recommandations appelant à mobiliser davantage de moyens financiers pour permettre aux populations de s’adapter aux chocs climatiques à venir, le rapport souligne en conclusion l’urgence de doter les pays de systèmes d’alerte précoce pour réduire l’impact des catastrophes. L’Afrique est la région du monde la moins bien équipée, avec seulement 40 % de la population couverte.

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Written by Stephanie

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