in

à Saint-Avold, on rallume la centrale à charbon pour éviter les coupures d’électricité cet hiver


C’était le 26 mars. La tranche 6 de la centrale Emile-Huchet de Saint-Avold (Moselle) devait s’arrêter définitivement trois jours plus tard. Une conséquence de la loi Energie-climat, qui, en limitant leur production annuelle à sept cents heures de fonctionnement, actait, de fait, la fermeture des dernières centrales électriques à charbon, comme s’y était engagé le président Emmanuel Macron, dès 2017.

Le propriétaire du site, GazelEnergie (filiale française du groupe EPH, présidé par Daniel Kretinsky, par ailleurs actionnaire indirect du Monde), avait convié les salariés et leurs familles à venir visiter la centrale une dernière fois. Le grand public était également invité. Ce jour-là, 800 personnes ont participé à cette veillée funèbre. Saint-Avold avait commencé à faire le deuil du charbon.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Confronté à un contexte énergétique incertain, le gouvernement français mise sur le charbon

Six mois plus tard, en regardant la montagne de 210 000 tonnes de charbon reconstituée sur le site, Sylvain Krebs, salarié de GazelEnergie, file la métaphore : « On est en train de déterrer grand-mère. » Après la mise à l’arrêt de la centrale, il avait été reclassé dans l’équipe chargée de gérer la reconversion du site dans les énergies « vertes » : la biomasse et l’hydrogène. « C’est un projet auquel j’adhère, une mission qui a du sens. Alors, franchement, je préférerais m’y consacrer, plutôt que de rallumer cette centrale au charbon que l’Etat avait décidé d’éteindre. On a raté quelque chose en France… »

Dans le bâtiment des chaudières.
Une chaudière ouverte pour travaux de maintenance. Construites en 1980 lors de la modernisation de la centrale, les chaudières sont de très grande taille et sont abritées dans un bâtiment de plus de 90 mètres de hauteur.
Lire aussi Article réservé à nos abonnés La France engage la fermeture de ses quatre centrales à charbon

Le gouvernement s’apprête à publier un décret dérogatoire, permettant à la tranche 6 de la centrale Emile-Huchet, d’une puissance de 600 mégawatts (MW), de fonctionner pendant deux mille cinq cents heures cet hiver. Dès le 1er octobre, l’immense chaudière sera donc rallumée pour tourner à plein régime en semaine, jusqu’à fin mars 2023. Cela représente plusieurs millions de tonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère.

C’est le prix que l’exécutif a accepté de payer pour limiter le risque de coupures d’électricité durant la saison froide, alors que plus de la moitié de la capacité installée du parc nucléaire est indisponible. Même si elle couvre tout de même un tiers des besoins des habitants de la région Grand-Est à l’instant T, la capacité de production de la centrale Emile-Huchet reste marginale à l’échelle nationale. Mais dans la guerre énergétique décrite par le président de la République, le 5 septembre, il n’est plus question de sacrifier la moindre capacité de production.

« Approvisionnement très difficile »

A 92 mètres de hauteur, au sommet de l’immense chaudière, Jean-Pierre Damm regarde de l’autre côté de la frontière. « Vous voyez ces cheminées qui fument ? Les Allemands viennent, eux aussi, de redémarrer leurs centrales à charbon. »

Il vous reste 61.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

What do you think?

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Le geai des chênes est un grand romantique

Ces diamants mystérieux se forment dans l’espace