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comment cela se passe-t-il en France et ailleurs en Europe ?



Alors que l’automne se profile, les villes françaises et européennes s’organisent pour réduire leur facture de gaz et d’électricité dans un contexte de crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine. Limitation de l’éclairage public, contrôle de la climatisation, baisse du thermostat dans les bâtiments… Tour d’horizon de ce qui se fait en France et dans plusieurs pays européens.

“La Ville Lumière restera la Ville Lumière, mais la mobilisation doit être générale.” Les mots sont d’Anne Hidalgo, quand la maire de Paris a détaillé, mardi 13 septembre, plusieurs mesures de sobriété énergétique à venir pour la capitale française.

Éteindre les lumières de la tour Eiffel une heure plus tôt, baisser la température des piscines d’un degré, de même que le chauffage dans les bâtiments publics… La Ville de Paris entend réaliser de cette manière près de 10 millions d’euros d’économies et de réduire le surcoût que la flambée des prix du gaz et de l’électricité a entraîné en France, et ailleurs en Europe. Une conséquence de la guerre en Ukraine et des réductions drastiques de livraison de gaz russe.

Comme plusieurs autres villes françaises, la capitale se met au diapason avant le début de l’automne qui s’annonce sous tension énergétique pour la plupart de nos voisins. Outre dans l’Hexagone, France 24 fait le point sur ce qui est mis en place en Allemagne, en Espagne ou encore en Italie.

  • En France : réduction de l’éclairage public et du thermostat

Avant Paris, plusieurs villes françaises ont déjà amorcé des économies d’énergie, notamment en réduisant l’éclairage public. L’une des mesures les plus emblématiques a été prise à Lille, dans le nord de la France : la ville a cessé début septembre d’éclairer les bâtiments publics la nuit – sauf deux places du centre-ville. Elle espère ainsi économiser 170 000 kilowattheure (kWh) par an. Marseille a acté une mesure similaire, avec l’extinction des feux à 23 h 30 – et à 22 h 30 en hiver – pour ses 140 monuments, exception faite du site de Notre-Dame-de-la-Garde.

Après qu’Emmanuel Macron a annoncé mi-juillet un plan de sobriété énergétique à venir pour la France, plusieurs villes ont pris les devants pour faire baisser le thermostat de leurs bâtiments en vue des prochaines semaines. C’est le cas de Lyon, où la Métropole a arrêté à 19 °C la consigne de chauffe pour cet hiver dans son patrimoine pour faire face au doublement anticipé – de 55 à 100 millions d’euros – des coûts de l’énergie en 2023. La ville de Libourne, près de Bordeaux, a quant à elle pris une mesure spectaculaire : son maire Philippe Buisson a décidé “de ne quasiment plus chauffer les gymnases” cet hiver – sauf les vestiaires. La température sera simplement maintenue à 10 °C.

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Des municipalités ont aussi déjà décidé d’entamer des économies d’énergie sur leurs infrastructures les plus énergivores, à commencer par les piscines. Lille, Toulon ou encore Limoges prévoient ou ont déjà baissé la température de l’eau de deux degrés – sauf pour des cas exceptionnels, comme pour l’accueil des enfants. Des fermetures ponctuelles de ces établissements publics sont aussi envisagées, par exemple, pendant les vacances scolaires de la Toussaint. Début septembre, une trentaine de piscines avaient été fermées.

  • En Allemagne, économiser pour faire face “à la pénurie de gaz”

Comme en France, plusieurs villes outre-Rhin ont déjà commencé cet été les économies d’énergie – à commencer par Hanovre. La capitale régionale de la Basse-Saxe a mis en place plusieurs mesures dès la fin juillet : eau chaude coupée dans les bâtiments publics, les piscines, les salles de sport et les gymnases, fontaines publiques éteintes et fin de l’éclairage des grands bâtiments de la ville la nuit.

“L’objectif est de réduire notre consommation d’énergie de 15 %”, a déclaré le maire d’Hanovre, Belit Onay. “Il s’agit d’une réponse à la pénurie de gaz qui se profile, et qui constitue un grand défi pour les municipalités.” L’Allemagne, malgré des efforts ces derniers mois pour réduire sa dépendance à Moscou, a en effet d’énormes besoins en gaz : 90 milliards de mètres cubes annuels, soit plus du double de la consommation française.

Berlin a aussi pris une mesure de sobriété énergétique, fin juillet, en éteignant l’éclairage de plusieurs monuments et bâtiments historiques. La mesure va concerner à terme quelque 200 édifices de la capitale allemande. Selon la ville, c’est “l’effet d’économie d’énergie qui est décisif pour la mesure, et non la pure rentabilité” : cette décision devrait, en effet, permettre de faire de grosses économies sur la consommation annuelle des bâtiments, évaluée actuellement à 200 000 kWh.

À Augsbourg, en Bavière, la ville a aussi réduit les températures des piscines, l’éclairage urbain… et a même considéré l’hypothèse d’éteindre certains feux de circulation. La maire, Eva Weber, a expliqué à Reuters que les factures d’énergie d’Augsbourg devraient presque doubler cette année par rapport à 2021, pour atteindre environ 15,9 millions d’euros.

  • En Espagne : une sobriété énergétique uniformisée par un décret

L’Espagne, qui est beaucoup moins dépendante du gaz que l’Allemagne, n’a pas pour autant négligé sa stratégie en matière de sobriété énergétique – elle entend notamment réduire sa consommation de gaz de 7 % d’ici mars 2023. Le pays fait même partie des États européens les plus fermes sur le sujet, avec un décret publié le 1er août et entré en vigueur dès le 10 août sur l’ensemble du territoire espagnol.

Depuis un mois, l’éclairage des vitrines est interdit en Espagne après 22 h et l’usage de la climatisation est limité. Les bureaux, commerces, bars et restaurants ne sont ainsi plus autorisés à faire descendre le thermomètre sous les 27 °C, et leur chauffage doit être maintenu en hiver à 19 °C maximum. Les magasins doivent également installer des serrures automatiques pour éviter que les portes ne restent ouvertes lorsque les systèmes de chauffage sont en marche – afin de diminuer le gaspillage énergétique.


Mais ces mesures n’ont pas suscité une adhésion unanime en Espagne, à l’image de la conservatrice Isabel Diaz Ayuso, qui a expliqué début août que la sobriété “ne sera pas mise en œuvre par la communauté de Madrid”. Celle qui la préside depuis 2019 a ajouté dans un tweet : “Madrid ne s’éteint pas. Cela (le décret sur les économies d’énergie) génère de l’insécurité et fait fuir le tourisme et la consommation (…), provoque l’obscurité, la pauvreté, la tristesse.”

  • En Italie, l’attente d’un plan et le geste énergétique du football professionnel

Bien que l’Italie soit, avec l’Allemagne, l’un des pays de l’UE les plus dépendants du gaz russe – elle a importé 40 % de cette énergie fossile depuis Moscou en 2021 –, elle n’a pas encore déployé de plan de sobriété énergétique. L’exécutif préparait, pourtant, un plan à ce sujet au mois de juillet : selon Politico, ces économies d’urgence pourraient notamment inclure la limitation du chauffage à 19 °C en hiver et du refroidissement à 27 °C en été, la réduction de l’éclairage public la nuit ou encore la fermeture anticipée des magasins.

Mais c’était avant que ne démissionne, fin juillet, le Premier ministre Mario Draghi. Pour le moment, aucune nouvelle mesure n’a encore été introduite. Cette question de la sobriété énergétique sera sans doute au menu des débats pour les élections législatives anticipées, le 25 septembre prochain.

En attendant, des initiatives d’acteurs privés ont vu le jour : le président de la Serie A, Lorenzo Casini, a par exemple annoncé début septembre que le football professionnel italien allait “apporter une contribution” à la situation actuelle en réduisant au moment des matches le temps d’allumage des projecteurs – quatre heures maximum – dans les stades. “Nous devons être un exemple vertueux dans un moment difficile de crise énergétique”, a précisé Lorenzo Casini. “Il était de notre devoir de réduire au maximum l’éclairage des installations, avant et après les matches, afin de réduire considérablement la consommation.”

Toutes ces mesures prises dans plusieurs pays européens visent le même objectif : réduire la consommation de gaz et d’électricité. Un chemin sur lequel l’UE s’engage depuis des semaines. Le 20 juillet, la Commission européenne avait fait une proposition radicale – mais non contraignante – visant à réduire de 15 % la consommation de gaz en Europe jusqu’au printemps prochain.



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