Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui ne passe pas pour un timoré en matière de défense de l’environnement, vient de prendre une décision qui a relancé un vieux débat chez les démocrates américains : à l’heure de la crise énergétique et de l’urgence climatique, peut-on éviter de relancer le nucléaire ?
Devant une station de chargement de véhicules électriques, avec, en arrière-plan, les raffineries de pétrole de Vallejo, dans la baie de San Francisco, Gavin Newsom a annoncé, le 16 septembre, ses 40 mesures visant à accélérer la transition énergétique pour porter à 90 %, avant 2035, la part du renouvelable dans la production d’électricité dans l’Etat (elle est de 59 %, actuellement), en plus de la prolongation, signée le 2 septembre, de Diablo Canyon, la dernière centrale nucléaire encore en activité dans l’Etat.
Cette centrale est située au bord du Pacifique, près de San Luis Obispo, entre San Francisco et Los Angeles, dans la zone de la faille sismique de San Andreas, soulignent les associations de défense de l’environnement. Elle devait fermer en 2025, à l’expiration de la licence octroyée par l’agence de régulation nucléaire, en vertu d’un accord conclu entre les écologistes, les syndicats et l’opérateur, la compagnie électrique PG & E. Finalement, Diablo Canyon va rester en activité cinq ans de plus.
Tout un symbole. En 1981, le chantier avait été le lieu de l’une des plus grandes manifestations antinucléaires aux Etats-Unis, deux ans après l’accident à la centrale de Three Mile Island, en Pennsylvanie. Le chanteur Jackson Browne avait été arrêté, alors qu’il tentait de bloquer les grilles. Quinze ans plus tôt, le projet avait entraîné une scission au Sierra Club, la puissante association de défense de l’environnement, et son directeur, David Bower, opposé au nucléaire, avait quitté le mouvement pour fonder Les Amis de la terre, en 1969.
En 2015, Gavin Newsom lui-même, alors lieutenant-gouverneur de l’Etat, avait estimé que le site n’était « pas idéal » pour une centrale nucléaire. Aujourd’hui, il propose de prêter 1,4 milliard de dollars (autant d’euros) à PG & E pour préparer une demande d’autorisation d’exercer au-delà de 2025.
Souvenirs des black-out
Le pragmatisme est de rigueur. « On n’est plus dans les années 1970, insiste le groupe patronal Bay Area Council. Après une décennie record d’incendies, de canicules, de sécheresse et d’inondations, il est temps de considérer le changement climatique comme l’urgence qu’il représente. » Pendant la canicule de début septembre, plus de mille records de chaleur ont été enregistrés en Californie. Les climatiseurs ont tourné à plein régime et les black-out ont été évités de peu.
Il vous reste 35.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.