Quel avenir pour les salariés des secteurs dont l’activité est amenée à se tarir si la France veut tenir ses objectifs de réduction d’émissions de CO2 ?
Conscientes que la transition ne sera pas juste socialement sans prise en compte de cette question clé, les vingt-sept associations fédérées au sein du Réseau action climat (RAC), tirent, dans un rapport publié mardi 20 septembre avec l’Institut Veblen, un premier bilan de l’accompagnement des salariés des centrales électriques à charbon françaises dont la fermeture devait être achevée cette année : celles d’EDF de Cordemais (Loire-Atlantique) et du Havre (Seine-Maritime), et de GazelEnergie de Gardanne (Bouches-du-Rhône) et de Saint-Avold (Moselle).
« Ce qui a été mis en place est un peu exceptionnel. Nous voulions donc savoir si le résultat était satisfaisant et quels enseignements en tirer », explique Céleste Duriez, responsable climat et emploi au RAC, qui a interrogé salariés, syndicats, opérateurs des centrales et élus des territoires concernés. Le rapport tire aussi les leçons du passé, de la fermeture des mines. Car, établit-il, « même si la transition écologique crée davantage d’emplois qu’elle n’en supprime, les fermetures ou suppressions de postes pour motif environnemental seront amenées à se reproduire ».
Temporalités différentes
La fermeture des dernières centrales à charbon a été induite par la loi énergie-climat adoptée en 2019, qui, en limitant leur production annuelle, a acté de fait leur mise à l’arrêt. L’enjeu écologique a ainsi officiellement justifié des destructions d’emplois.
L’accompagnement proposé par l’Etat a-t-il été à la hauteur ? « Le volet social a été pris au sérieux (…) la démarche est la bonne, estime le rapport. Pour autant, cet accompagnement est apparu insuffisant sous plusieurs aspects. »
Premier bémol : le calendrier prévoyait que les quatre centrales aient fermé en 2022. Cordemais fonctionnera finalement jusqu’en 2024 et une tranche de celle de Saint-Avold, arrêtée en mars, redémarrera le 1er octobre, en raison de la crise énergétique liée à l’invasion russe en Ukraine. « L’impératif écologique n’est pas respecté, le climat comme les salariés en pâtissent », déplorent les auteurs. L’incertitude liée au « stop and go » pèse sur la capacité des personnels à se projeter dans un nouveau projet professionnel.
La plupart des 550 salariés des centrales EDF ont été reclassés sur d’autres sites EDF – mais à plus de 50 kilomètres de chez eux
La transition s’est faite en quatre ans. Long pour un plan social, mais « court sur le plan industriel », souligne un sous-préfet dans le rapport. Comment trouver l’équilibre entre ces temporalités différentes ? Il faut anticiper davantage ces décisions lourdes. Et s’y tenir. « On a un grand besoin de clarté du discours politique sur la trajectoire de ces industries émettrices. Il faut un cap clair », insiste Mme Duriez.
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