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Telecoop connecte téléphonie et transition écologique



Avec 1,29 milliard de smartphones vendu dans le monde en 2020 et un impact de l’ordre de 3,7 % des émissions de gaz à effet de serre, le numérique doit pouvoir évoluer pour faire face aux enjeux de la transition écologique. C’est en tout cas l’idée du premier opérateur télécom coopératif : TeleCoop.

Permettre à tous de se réapproprier ses usages numériques et offrir des services télécoms plus transparents, plus écologiques et plus respectueux de la vie privée : c’est toute l’ambition de TeleCoop que nous détaille Marion Graeffly, l’une des cofondatrices de la coopérative.

Quelle est votre solution ?

 Marion Graeffly : TeleCoop est le premier opérateur télécom coopératif engagé dans la transition écologique et solidaire. Nous souhaitons à la fois lutter contre l’obsolescence programmée et permettre aux citoyens de reprendre la main sur leurs usages numériques. Nous proposons donc pour cela deux forfaits mobile : « Sobriété » à 10 euros, appels et SMS compris et facturation sur la base de la consommation réelle de données mobiles à 2 euros par Go, et « Transition » avec en plus 9 Go de données et une aide financière à la réparation d’une valeur de 30 euros par an.

Pourquoi avoir fait le choix du monde coopératif ?

 Marion Graeffly : Le monde coopératif permet de traiter des questions de société, notamment écologiques, d’une manière volontaire et non subie. C’est un engagement collectif dans lequel chacun peut s’impliquer et co-créer, et qui, par conséquent, offre des capacités d’innovation intéressantes. D’où aussi notre participation au mouvement des Licoornes, avec lequel nous pouvons nous attaquer aux causes et racines en proposant une réponse systémique et construire de nouveaux modèles économiques. Cela nous permet de bousculer un peu les acteurs du secteur sur lequel nous opérons en apportant une vision différente et une réflexion approfondie au niveau sociétal.

Pourquoi votre start-up va changer le monde ?

 Marion Graeffly : Notre action porte tout d’abord sur l’impact énergétique des forfaits mobile, sachant que, pour une consommation de données mobiles équivalente, la 4G consomme jusqu’à 3 fois plus que le Wi-Fi. Il est aussi question de s’attaquer au sujet problématique de l’obsolescence programmée avec l’équipement qui serait responsable de 60 à 90 % de l’empreinte du numérique en France, selon une étude menée conjointement par l’Ademe et l’Arcep.

Une des solutions préconisées réside dans le rallongement de la durée de vie des smartphones. Contrairement à la moyenne des Français qui changent de terminal tous les 2 ans et demi, nos abonnés le conservent 3 ans et demi. Nous menons enfin des actions de sensibilisation sur la sobriété numérique à travers des webinaires et des formations. Quelque 3000 personnes en ont bénéficié l’année dernière et nous devrions tripler ce nombre en 2022.

Comment a grandi le projet ?

 Marion Graeffly : Après un parcours en marketing et communication dans l’agroalimentaire, j’ai voulu m’impliquer professionnellement sur les sujets environnementaux et sociétaux qui me tenaient à cœur comme la question du numérique, et particulièrement des télécoms, pour changer les règles établies et permettre une réappropriation citoyenne du sujet. Comme le secteur est réglementé, il s’agissait dans un premier temps d’identifier un partenaire réseau.

Nous avons opté pour Orange, notamment parce que la société est détenue en partie par l’État et que cela répondait donc à une notion de service public. Ensuite, tout l’enjeu a été de construire l’infrastructure, puis de commercialiser les premiers forfaits en décembre 2020. En ce qui concerne le financement, nous souhaitions rester le plus indépendants possible, d’où le choix aussi du modèle coopératif, avec 100 % des parts détenus par nos sociétaires, qui nous a de surcroît permis de construire une offre correspondant à leurs attentes et aux enjeux.

Quelle est la suite de l’histoire ?

 Marion Graeffly : Nous devrions dépasser les 6.000 abonnés et les 1.000 sociétaires à la fin de l’année. Nous avons lancé très récemment une offre spécifique dédiée aux professionnels et travaillons à la compléter en matière de services pour répondre à leurs besoins. Nous allons aussi expérimenter dès l’année prochaine une solution de fournisseur d’accès à Internet en alternative à la 4G et ainsi proposer une offre cohérente et complète.

Si vous étiez Première ministre, quelle mesure phare mettriez-vous en place ?

 ​​​​​​​Marion Graeffly : Je suis convaincue que pointer du doigt la responsabilité individuelle n’est pas la solution, mais au contraire un signal de l’inaction politique. En tant que Première ministre, j’insisterais pour analyser là où l’impact environnemental est le plus important ; je mettrais en place les mesures pour y remédier, mais aussi pour accompagner les grandes entreprises afin qu’elles puissent, par leur taille, mettre en place des plans de transition ambitieux et embarquer avec elles les autres. Je pense aussi qu’il y a un sujet important sur les incitations fiscales pour y parvenir et ainsi mieux redistribuer les richesses.

Pointer du doigt la responsabilité individuelle n’est pas la solution, mais au contraire un signal de l’inaction politique

À quoi ressemblera le monde en 2050 ?

 ​​​​​​Marion Graeffly : Le monde en 2050 sera pour moi plus cloisonné par des frontières plus marquées, mais aussi avec des conflits pour un accès aux ressources en énergie ou en eau par exemple. La société sera à deux vitesses entre ceux qui ont anticipé la résilience et la sobriété, et ceux qui vont la subir dans la pauvreté qui est finalement une sobriété non désirée. C’est en cela que toutes les initiatives menées notamment dans les coopératives, les tiers-lieux, sont importantes car elles permettent d’essayer de trouver de nouvelles solutions qui, je l’espère, vont infuser dans le reste de la société.

Quel sujet d’actualité de Futura vous a passionné ?

 ​​​​​Marion Graeffly : Celui sur l’artificialisation des sols en France. Si l’action de TeleCoop porte sur la question du numérique, pour nous, elle est aussi représentative d’une constante dans notre société autour du « toujours plus ». Le développement de l’artificialisation des sols pour construire toujours plus de routes, de logements alors que nous pourrions entrer désormais dans une logique de réutilisation de l’existant et de meilleur partage des terres déjà utilisées est d’autant plus préoccupante que c’est l’une des principales causes du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.

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