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À Paris, les directeurs d’agences spatiales décrivent l’état de l’espace aujourd’hui



Dimanche 18 septembre au 73e Congrès international d’astronautique (IAC) à Paris, cette grand-messe du secteur spatial civil débute comme d’habitude par un échange de visions entre les agences spatiales des principales puissances. Cette année, on note toutefois l’absence de la Russie et de la Chine. Au programme : Lune et durabilité.

C’est une habitude et néanmoins un moment très important dans le secteur spatial car c’est le seul moment où les directeurs d’agences du monde se rencontrent, pour échanger leur vision. Étaient présents Bill Nelson, administrateur de la Nasa, ancien sénateur et ancien astronaute, Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA (Agence spatiale européenne), Lisa Campbell, directrice de l’Agence spatiale canadienne (CSA), Hiroshi Yamakawa, président de la Jaxa (Japon), et S. Somanath, directeur de l’Isro (Inde). L’agence spatiale française (le Cnes), hébergeant l’IAC cette année, était également brièvement représentée par son président Philippe Baptiste.

Volonté d’apaisement en période de conflit majeur

La guerre en Ukraine a été abordée. Face aux tensions avec la Chine et la Russie, Bill Nelson a notifié qu’il avait discuté avec son homologue russe Youri Borisov. La Nasa compte toujours désorbiter l’ISS après 2030 et Nelson est confiant pour que la Russie y reste jusqu’au bout. On note l’absence de la Chine, pour cause de problème de calendrier selon leur agence (la CNSA). Nelson a précisé que la collaboration avec la Chine dépend avant tout de la volonté de la Chine et souligne « un manque de transparence » dans leur programme spatial.

L’ancien astronaute américain a rappelé la force de pacification des astronautes en plein climat de tensions géopolitiques, à l’instar des astronautes Stafford et Leonov, qui ont lancé la mission Apollo-Soyouz en 1975, commune alors entre les États-Unis et l’URSS. Cette mission, qui s’est déroulée en pleine guerre froide, était la première brique d’une coopération internationale qui a conduit à l’établissement de la Station spatiale internationale (ISS).

Cap sur la Lune

Bill Nelson l’a maintes fois notifié au cours de cette conférence, le spatial d’aujourd’hui est notamment celui porté par une génération d’acteurs et d’employés qui verront et participeront au retour de l’Homme – et l’arrivée de la femme – sur la Lune, avec les missions Artemis de la Nasa. Bill Nelson en a profité pour rappeler le but de ce programme : gagner en expérience, compétences et technologies pour une première mission habitée sur Mars « dans les années 2030 ». Une date limite bien difficile à tenir.

Les dirigeants de l’ESA, de la Jaxa et la CSA ont rappelé leurs fortes participations au programme Artemis : de l’apport du module européen ESM au vaisseau Orion, au développement d’un rover lunaire pressurisé japonais, en passant par la construction de la station orbitale Gateway, avec des modules japonais et européens et un bras robotique canadien. L’Inde ne participe pas au programme, souhaitant réaliser paisiblement son programme robotique lunaire national. Rappelons que la Chine et la Russie se sont ralliées pour construire ensemble une base lunaire.

Space4All : l’espace pour tous

Les dirigeants des agences ont rappelé les différentes initiatives pour rendre l’espace plus accessible, avec les financements de programmes universitaires au Canada et aux États-Unis, le soutien de la Jaxa au développement de nanosatellites universitaires de pays émergents, et leur mise en orbite depuis le module Kibo de l’ISS. Tous sont admiratifs de l’initiative de la sélection de parastronautes de l’ESA. Bill Nelson a toutefois nuancé en rappelant que la sécurité des vols prime avant tout : « Safety first » (la sécurité d’abord).

Côté ESA, Josef Aschbacher a rappelé que « les données [d’imagerie terrestre] du programme Copernicus sont accessibles gratuitement pour tous et partout sur la planète », pouvant servir pour l’agriculture, l’urbanisme, le suivi du climat, et une myriade d’autres applications possibles.

S’adapter aux changements de plus en plus rapides

Le maître mot qui ne cesse de résonner à l’IAC est « sustainability » (durabilité). Toutes les agences souhaitent définir les « lignes de conduite » pour garder l’espace le plus propre possible, et l’activité spatiale la plus décarbonée possible. Les dirigeants ont également mis en exergue leur programme d’imagerie civile de la Terre, notamment pour aider à suivre l’évolution du climat.

Privatisation, commercialisation, tensions géopolitiques et climatiques, les enjeux pour le spatial sont d’envergure. Philippe Baptiste a notifié que « l’espace est plus crucial que jamais », et que « les agences doivent s’adapter » sans pour autant être écartées, car ce sont toujours elles qui définissent les standards et les ambitions du spatial d’aujourd’hui et de demain.

 

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