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Comment les îles de la Madeleine, sur la côte est du Canada, ont résisté aux assauts de la tempête Fiona


Sur l’Île-du-Prince-Edouard (Canada), après le passage de Fiona, le 25 septembre 2022.

Après être passée au large des Bermudes et avoir semé la destruction dans les Caraïbes, la tempête tropicale Fiona a frappé de plein fouet, samedi 24 septembre, la côte atlantique du Canada. S’abattant pendant plus de vingt-quatre heures sur la Nouvelle-Ecosse, l’Île-du-Prince-Edouard, Terre-Neuve-et-Labrador et l’est du Québec, des rafales de vent enregistrées à près de 180 kilomètres/heure et des précipitations de 190 millimètres de pluie ont provoqué d’importants dégâts : chalets engloutis ou éventrés par des vagues de plus de six mètres de haut, fils et poteaux électriques à terre, privant d’électricité des centaines de milliers d’habitants au plus fort de l’ouragan, amarres brisées et quais déchiquetés dans les ports… Au Canada, Fiona a causé la mort de deux personnes, à la mi-journée lundi, une troisième était toujours portée disparue en Nouvelle-Ecosse.

Après avoir renoncé à se rendre au Japon aux obsèques du premier ministre Shinzo Abe, le premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé samedi le déploiement des Forces armées canadiennes pour « aider aux efforts d’évaluation et d’intervention ». Trois cents premiers soldats sont arrivés dans les provinces de l’Atlantique. Avant de se rendre lui-même sur place « dans les jours à venir », Justin Trudeau a répété lundi que l’Etat fédéral était prêt à apporter un « soutien financier » aux communautés touchées.

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M. Trudeau n’a cependant pas annoncé de nouvelles mesures plus ambitieuses et systémiques à la stratégie nationale d’adaptation du Canada aux changements climatiques, présentée en mai pour protéger ces territoires de plus en plus fréquemment frappés par des événements climatiques extrêmes. En septembre 2021, l’ouragan Larry avait touché Terre-Neuve-et-Labrador. Deux ans auparavant, l’ouragan Dorian s’était abattu durement sur le Nouveau-Brunswick et les îles de la Madeleine.

« Le nombril du monde »

Dans cet archipel québécois situé dans le golfe du Saint-Laurent, Fiona aura le mérite de valider les solutions mises en œuvre pour résister à l’érosion des côtes, l’un des effets du réchauffement climatique. Au fil des ans, les habitants des îles, les Madelinots ont en effet vu leurs paysages se transformer et devenir plus vulnérables. Les hivers plus cléments ont réduit la période des glaces, laissant la mer frapper en continu les plages et fragiliser les dunes qui constituent l’essentiel des côtes de l’archipel.

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Sous l’effet du réchauffement de la surface de l’océan, la hausse du niveau de la mer, alliée à des épisodes de plus en plus fréquents de gel et de dégel, ont grignoté les falaises friables de grès rouge de la côte est. Sur l’île du Cap-aux-Meules, en plein centre-ville, une portion du chemin piétonnier s’est effondrée en 2018, laissant l’hôpital, la maison de retraite de la commune et le cimetière en première ligne face à l’océan. « C’est l’ensemble des îles qui reculent sous l’effet conjugué de tous les dérèglements climatiques », expliquait quelques semaines avant le passage de Fiona, Mayka Thibodeau, directrice associée du Cermim, le Centre de recherches sur les milieux insulaires et maritimes établi sur les îles. « Les îles de la Madeleine sont aux premières loges des changements en cours, nous sommes devenus le nombril du monde, tout petit face à l’immensité ».

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