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comment les ouragans ont gagné en intensité et en dangerosité depuis vingt ans


Deux morts et de très nombreux dégâts matériels ont été déplorés au Canada après le passage de l’ouragan Fiona samedi 24 et dimanche 25 septembre. Classé en catégorie 4, sur une échelle de 5, Fiona avait déjà causé sept morts la semaine précédente, à Porto Rico, en République dominicaine et en Guadeloupe. Et une autre tempête tropicale, Ian, se transforme en « ouragan majeur » en remontant vers Cuba puis la Floride, selon le Centre national des ouragans américain (National Hurricane Center, NHC).

Les saisons cycloniques se succèdent et n’ont de cesse, année après année, de battre leurs propres records ; 2020 fut l’une des années les plus actives avec 2005, ces deux années ayant vu respectivement le passage de 14 et 15 ouragans dans l’Atlantique Nord, dont 7 ouragans majeurs.

Une accélération des cyclones depuis le tournant du XXIe siècle

Les données enregistrées durant les cinquante dernières années par le NHC montrent une nette tendance à l’intensification des événements cycloniques depuis la fin des années 1990. En moyenne, on passe de cinq ouragans par an, toutes catégories confondues, au cours des décennies 1970-1980 et 1980-1990 à près de huit pour les décennies 2000-2010 et 2010-2020.

La forte variabilité du nombre d’événements d’une année sur l’autre rend difficiles les comparaisons. Mais si on calcule le ratio entre le nombre d’ouragans et l’ensemble des événements tempétueux de chaque saison, il s’avère que les ouragans sont, proportionnellement, de plus en plus fréquents. Représentant 25 % des événements cycloniques dans les années 1970, ils atteignaient 40 % dès les années 1990, et entre 2010 et 2020, comptaient pour 43,6 % de l’ensemble des cyclones.

Des dégâts considérables

Le bilan humain et matériel des ouragans est évidemment lié à leur trajectoire et à la force avec lesquels ils traversent des espaces plus ou moins denses, en termes de population et de construction.

L’ouragan Mitch, en 1998, fut le plus meurtrier depuis deux siècles. Ses précipitations extrêmes ont entraîné des inondations et coulées de boues causant au moins 12 000 morts (et même près de 20 000 en comptant les disparus), principalement au Honduras, au Nicaragua et au Guatemala.

En 2005, Katrina a touché la côte de la Louisiane avec une intensité de catégorie 3 provoquant près de 2 000 morts aux Etats-Unis et des dégâts matériels considérables, estimés à 125 milliards de dollars. La Nouvelle-Orléans fut la ville la plus exposée ; 80 % de sa surface a été inondée durant plusieurs semaines.

La saison cyclonique 2017 fut exceptionnelle avec trois ouragans majeurs particulièrement dévastateurs : Harvey, Irma et Maria. Maria provoqua près de 3 000 morts à Porto Rico et plus de 90 milliards de dollars de dégâts lors de son passage dans les Antilles. Les dégâts matériels pour l’ensemble de la saison sont les plus élevés jamais enregistrés, avec une estimation de plus de 280 milliards de dollars.

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Des événements cycloniques plus intenses et plus destructeurs

Les scientifiques s’attendent, avec le réchauffement climatique à une augmentation de l’intensité des cyclones. Des vents plus puissants associés à des pluies plus intenses qui s’expliquent notamment par l’augmentation de température des océans.

Les simulations de Météo-France effectuées par les modèles climatiques montrent une possible baisse de la fréquence des cyclones tropicaux sur l’ensemble de la planète ; une température de surface de l’océan plus élevée ne faciliterait pas forcément la naissance des cyclones.

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En revanche, les experts du GIEC, dans leur évaluation publiée en août 2021 confirment que les plus gros cyclones seront probablement plus puissants, avec des pointes de vents plus élevés ; un cyclone déjà bien formé puisera bien plus d’énergie pour se renforcer dans une atmosphère humidifiée au-dessus d’océans réchauffés.

Une étude récente suggère également que le réchauffement climatique pourrait avoir tendance, d’ici à la fin du siècle, à ralentir la vitesse de déplacement des cyclones tout en augmentant leur puissance.

De son côté, Météo-France prévoit également un décalage progressif de l’activité cyclonique vers le nord au cours de la seconde moitié du siècle, ce qui exposera encore plus la côte est des Etats-Unis.

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