Le parlement européen a adopté, le 13 septembre 2022, un règlement contre la déforestation importée. Celui-ci a pour objectif de garantir aux consommateurs européens que les produits qu’ils consomment n’ont pas causé de déforestation. Si le texte convainc la Commission européenne et le Conseil européen, les entreprises concernées devront apporter la preuve que les produits commercialisés ne proviennent pas de parcelles déboisées après décembre 2019.
Les produits ciblés incluent notamment : soja, huile de palme, bœuf, cacao, café, bois, volaille, caoutchouc, cuir et maïs. Ce règlement s’appliquera également aux banques finançant des entreprises responsables de la déforestation. Avant cela, la France fut la première à se doter d’une stratégie nationale contre la déforestation importée. Ce règlement va dans le bon sens.
En effet, la déforestation est en majeure partie liée à l’expansion agricole (une excellente synthèse sur les causes et caractéristiques de la déforestation est à lire ici) et constitue une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre et de pertes de biodiversité. Ainsi, la production de matières premières à des fins d’exportation, et donc nos niveaux de consommation de ces denrées, est une cause indirecte majeure de la déforestation tropicale : 29 à 39 % des émissions de la déforestation tropicale sont attribuables au commerce international.
Une belle avancée symbolique, mais des difficultés d’application
On estime, par exemple, que plus de deux tiers de la production de soja brésilien sont destinés à l’exportation. L’Union européenne (UE) est en particulier considérée comme le second contributeur mondial à la déforestation importée, derrière la Chine. Ainsi, un sixième de l’empreinte carbone du régime alimentaire d’un Européen provient de la déforestation importée. Pour certains pays européens, ces émissions rivalisent même avec celles de l’agriculture domestique.
Derrière cette belle avancée symbolique, des difficultés de mise en œuvre sont néanmoins à prévoir, qu’il va falloir réussir à contourner. Tout d’abord, et comme pour bon nombre de questions liées à la transition écologique, le pouvoir des lobbies, ici de l’agro-industrie, ne doit pas être minimisé. Un rapport de Greenpeace met en avant ce phénomène au sujet de la protection des forêts tropicales.
D’autres écosystèmes fragiles ont ainsi été exclus du règlement qui vient d’être adopté, sous la pression des groupes d’intérêt. Ensuite, la question de la traçabilité des données est centrale : comment prouver que les denrées importées en Europe ne sont pas issues de parcelles déforestées ? Les technologies de télédétection pourront en partie répondre à ces exigences de transparence.
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