La Floride continuait, samedi 1er octobre, de constater le lourd bilan, s’élevant déjà à plusieurs dizaines de morts, du passage de l’ouragan Ian, qui devrait se dissiper au cours de la nuit prochaine après avoir provoqué des inondations en Caroline du Sud.
« Il y a désormais 44 décès attribués à l’ouragan Ian », a fait savoir le service de la médecine légale de Floride. Le précédent bilan officiel faisait état de 25 décès. Selon l’agence américaine AP, les autorités de Floride font désormais état de 47 morts, la plupart par noyade, et dans leur grande majorité des personnes âgées. Ian a également tué quatre personnes en Caroline du Nord et trois à Cuba.
En Floride, le comté de Lee, lourdement frappé par l’ouragan, a enregistré à lui seul 35 décès, selon son shérif, tandis que les médias américains, dont NBC et CBS, ont recensé plus de 70 décès directement ou indirectement liés à la tempête.
La polémique enflait samedi autour de l’arrivée tardive de l’ordre d’évacuation des plus de 600 000 habitants de ce comté, qui compte la moitié des victimes confirmées. L’ordre aurait ainsi été donné mardi matin, alors que les comtés avoisinants ont demandé à leurs habitants d’évacuer dès lundi, affirme le New York Times.
Assis à l’ombre d’une maison déserte de Matlacha, Chip Farrar s’exaspère. « Personne ne nous dit quoi faire. Personne ne nous dit où aller », dit-il à l’AFP. « Les ordres d’évacuation sont arrivés très tard », assure cet homme de 43 ans. « Mais la plupart des gens qui sont encore là ne seraient pas partis de toute façon. C’est un endroit très ouvrier. Et la plupart des gens n’ont nulle part où aller, c’est le plus gros problème », ajoute-t-il.
Des migrants toujours portés disparus
Parallèlement, les recherches se poursuivaient pour retrouver seize passagers d’un bateau de migrants qui a chaviré en raison du mauvais temps mercredi près de l’archipel des Keys. Les gardes-côtes ont annoncé avoir retrouvé dans l’eau deux personnes de cette embarcation mortes, neuf autres ayant été secourues soit au large, soit après avoir nagé jusqu’au rivage.
Après avoir ravagé la Floride, Ian s’est dirigé vers la Caroline du Sud, où il a touché terre vendredi après-midi près de Georgetown en tant qu’ouragan de catégorie 1, accompagné de vents soufflant jusqu’à 140 km/h, selon le Centre national des ouragans (NHC) sis à Miami. Samedi après-midi, Ian charriait des vents allant jusqu’à 35 km/h avec toujours de « fortes pluies » sur le massif des Appalaches dans le sud-est des Etats-Unis, a fait savoir le NHC dans son dernier bulletin. Malgré son affaiblissement attendu, les autorités de plusieurs Etats appelaient tout de même la population à la prudence en raison des fortes précipitations attendues.
Plus de 500 000 foyers et commerces étaient privés de courant samedi à la mi-journée en Caroline du Nord, en Caroline du Sud et en Virginie, selon le site spécialisé poweroutage.us. La Floride comptait, elle, toujours près de 1,2 million de foyers et commerces sans électricité.
Dans la péninsule, outre le lourd bilan humain, les dégâts matériels sont « historiques », le niveau atteint par la montée des eaux ayant été sans précédent, selon le gouverneur Ron DeSantis. Des rues et des maisons ont été envahies par les eaux et des bateaux amarrés dans des marinas ont été projetés sur la terre ferme par la tempête.
Des dizaines de milliards de dollars de dégâts
Plus de 1 100 personnes ont jusqu’à présent été secourues dans l’Etat, a déclaré samedi matin le bureau du gouverneur. Dans cet Etat, « nous commençons tout juste à voir l’étendue des destructions », « susceptible de se classer parmi les pires » de l’histoire des Etats-Unis, avait dit vendredi Joe Biden. « Il va falloir des mois, des années pour reconstruire », a-t-il déploré. La Maison Blanche a annoncé samedi soir que le président américain se rendrait à Porto Rico lundi, ravagé il y a deux semaines par la tempête Fiona, et en Floride mercredi.
D’après les premières estimations, le passage de l’ouragan Ian pourrait coûter aux assureurs des dizaines de milliards de dollars et va peser sur la croissance américaine, en raison notamment des annulations de vols et des dégâts sur la production agricole.
Selon une première étude rapide de scientifiques américains rendue publique vendredi, les pluies liées à l’ouragan Ian ont été accrues d’au moins 10 % en raison du changement climatique. « Le changement climatique n’a pas causé l’ouragan, mais il l’a rendu plus humide », a expliqué l’un des scientifiques ayant participé à cette étude, Michael Wehner, du laboratoire national Lawrence-Berkeley, dépendant du ministère de l’Energie.
Avant la Floride, Ian avait frappé Cuba, y faisant trois morts et d’importants dégâts et laissant, là aussi, de nombreux foyers sans électricité.