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La réalité virtuelle face au risque de détournement malveillant de ses outils


Ce sont des recherches qui viennent remuer la communauté de la réalité virtuelle. Au printemps, lors de la Conference on Human Factors in Computing Systems, des chercheurs de Télécom Paris et de l’université de Glasgow, au Royaume-Uni, ont présenté un article original dans lequel ils exposent plusieurs méthodes de détournement volontaire et malveillant d’outils de réalité virtuelle (RV). Objectif des auteurs : démontrer qu’il est possible de faire usage des technologies existantes dans le but de blesser physiquement un utilisateur de RV.

Plus spécifiquement, les méthodes mises en évidence dans l’article exploitent des techniques bien connues, utilisées dans certaines situations en réalité virtuelle, qui permettent de manipuler la perception de l’utilisateur. Ces astuces pour piéger le cerveau sont normalement utilisées dans le but d’offrir une meilleure expérience en RV. « Par exemple, si l’utilisateur se situe dans une pièce de quatre mètres par quatre mètres mais qu’on souhaite lui donner l’impression qu’il bouge dans une pièce de dix mètres par dix mètres, on peut rediriger sa marche, explique Jean-Louis Vercher, chercheur en neurosciences au CNRS. Pour cela, quand l’utilisateur se met en mouvement, on fait légèrement tourner la scène qu’il voit dans le casque de RV : il aura l’impression de ne pas avancer droit, et ça le poussera à corriger sa direction. » De la sorte, l’utilisateur aura l’illusion qu’il se déplace en ligne droite sur plus de quatre mètres… Alors qu’en réalité il tourne en rond !

Une méthode impressionnante d’efficacité pour dépasser les limitations de l’espace réel. Mais qui, entre de mauvaises mains, peut s’avérer fort dangereuse. Dans l’article, les auteurs présentent ainsi un scénario où un individu malveillant utilise cette technique de redirection de la marche pour pousser l’utilisateur vers un escalier ou un obstacle, à son insu – ou frapper un passant en pensant s’attaquer à un zombie virtuel…

Démocratisation progressive

De telles possibilités de détournement malveillant suscitent l’intérêt, dans un contexte où les dispositifs de réalité virtuelle se démocratisent progressivement. Pour l’heure, ces outils sont principalement réservés à des usages de niche – en médecine pour la rééducation fonctionnelle ou le traitement des phobies par exemple, ou encore pour l’entraînement de certains sportifs de haut niveau. Mais de grosses entreprises, en tête desquelles on trouve Meta, promettent un déploiement massif de ces technologies, notamment avec l’avènement annoncé du métavers.

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