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l’histoire d’une famille de Néandertal racontée par leur ADN



L’organisation sociale des Hommes de Néandertal se révèle grâce à une nouvelle étude basée sur l’analyse du génome d’une petite communauté ayant vécu en Sibérie il y a 54.000 ans.

En 2010, nous découvrions pour la première fois le génome d’un Homme de Néandertal. Depuis, 18 individus supplémentaires, issus de 14 sites archéologiques différents du territoire eurasiatique ont vu leur génome séquencé, permettant d’avoir un premier, mais encore très vague aperçu, de l’histoire de Néandertal.

Car si ces données permettent de retracer dans les très grandes lignes l’évolution de ce lointain cousin qui coexista en Europe aux côtés d’Homo sapiens, elles ne donnent que très peu d’informations sur la structure sociale au sein des petites communautés néandertaliennes. Car il faut pour cela avoir accès au génome de plusieurs individus d’un même groupe, ce qui reste relativement rare.

Une petite communauté originaire d’Europe de l’Est

Le sud de la Sibérie est pourtant renommé pour la présence de nombreux restes d’Hommes de Néandertal et d’Hommes de Denisova, une autre espèce éteinte du genre Homo. Les deux espèces auraient cohabité dans cette région et se seraient au moins partiellement mélangées, comme le prouve l’ADN d’une adolescente morte il y a 90.000 ans. Elle aurait en effet été issue de la reproduction entre une femme néandertalienne et un homme dénisovien. Cette découverte, réalisée en 2018, est la première preuve formelle d’une hybridation entre ces deux espèces humaines.   

Une équipe de chercheurs s’est cependant intéressée à un groupe d’individus néandertaliens dont les restes ont été retrouvés à une centaine de kilomètres de la grotte de Denisova, dans les grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov, en Sibérie. Néandertal aurait occupé ces deux abris il y a environ 54.000 ans, laissant derrière lui de nombreux objets et ossements. Le génome de 13 individus a ainsi pu être séquencé : sept hommes et six femmes, dont huit adultes et cinq enfants.

Les résultats, publiés dans Nature, montrent en premier lieu que ces individus n’étaient pas les descendants des communautés néandertaliennes et dénisoviennes implantées depuis 120.000 ans déjà dans la région. Ils seraient plutôt apparentés aux Hommes de Néandertal présents à cette époque en Europe, leurs outils montrant de nombreuses similarités avec ceux des communautés micoquiennes installées en Allemagne et dans les régions plus à l’est.

Un brassage génétique assuré par le déplacement des femmes entre les communautés

L’étude du génome de ces treize individus a notamment mis en évidence des liens de parenté, notamment la présence d’un père et de sa fille. Un jeune garçon ainsi qu’une femme adulte appartiendrait également à cette famille, mais à un second degré, sans doute un cousin et une tante ou une grand-mère. Les données permettent notamment de montrer que les deux petits groupes ayant occupé les grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov auraient vécu sensiblement au même moment. L’occasion inespérée d’étudier l’organisation sociale d’une communauté néandertalienne.

Les scientifiques ont ainsi pu révéler que les deux groupes présentaient une diversité génétique très pauvre et que la taille du groupe ne devait pas dépasser vingt individus. Cette faible diversité du génome serait particulièrement significative de l’extinction imminente de cette petite communauté, certainement isolée. L’étude montre cependant l’apport, faible mais régulier d’ADN extérieur au groupe, suggérant des échanges d’individus entre les communautés.

Ce brassage génétique aurait notamment été assuré principalement par le déplacement des femmes. Cependant, aucune hybridation n’a été retrouvée entre les individus néandertaliens des grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov, les Denisoviens vivant pourtant à proximité.

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