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« Au milieu du siècle, dépasser 30 °C en octobre ne sera plus exceptionnel en France »


Christophe Cassou, climatologue au CNRS et l’un des principaux auteurs du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en août 2021, explique la survenue de la vague de chaleur en cours et réagit à la perspective d’un réchauffement encore plus important que prévu en France, aux effets « difficilement imaginables ».

La France connaît des températures élevées cette semaine. Le thermomètre a flirté avec les 34 degrés mardi dans le Sud-Ouest. Est-ce exceptionnel ?

Oui, il est très rare de dépasser 30 °C en journée en octobre, mais aussi de ne pas descendre en dessous de 20 °C la nuit, comme à Toulouse mardi. C’est 10 °C de plus que les normales climatiques. Des températures comme 34 °C sont des valeurs extrêmes pour un mois d’octobre. De nombreux records décadaires, c’est-à-dire sur des périodes de dix jours, ont été battus. A cette période de l’année, les moyennes mensuelles sont moins pertinentes car octobre est le mois où les changements de température sont les plus grands entre le début et la fin du mois. Ce qui est également exceptionnel, c’est la persistance de températures si élevées tout au long de la semaine.

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Cette vague de chaleur tardive est liée à une dynamique atmosphérique qui favorise naturellement les conditions chaudes : des vents de sud-sud-ouest en lien avec une très vaste dépression qui couvre tout l’Atlantique Nord, entre le Groenland et les Açores, qui transporte l’air chaud du Maghreb jusqu’à l’Europe de l’Ouest. Cette configuration est classique mais désormais, avec le changement climatique, elle s’accompagne de températures toujours plus élevées.

Cet épisode prolonge une année particulièrement chaude…

On coche toutes les cases des effets du changement climatique : la hausse de la fréquence des vagues de chaleur – on en est à la cinquième cette année –, mais aussi de leur intensité, de leur durée et de leur changement de saison. On a atteint des fortes chaleurs dès mai et jusqu’à octobre. Avec le changement climatique, la saison estivale se rallonge de sorte que l’automne commence plus tard. L’hiver se raccourcit et finit plus tôt. Au milieu du siècle, dépasser 30 °C en octobre ne sera plus exceptionnel.

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Y a-t-il une accélération du dérèglement climatique ?

Non, on suit la même tendance de réchauffement : on gagne 0,36 °C par décennie depuis trente ans en France. Mais on observe une intensification des impacts. Pour chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire, les effets du changement climatique sont démultipliés. Avec le niveau de réchauffement actuel (+ 1,7 °C depuis 1900 en France et + 1,2 °C au niveau mondial), on a déjà vécu un été catastrophique. Aujourd’hui, on peut encore le considérer comme rare, mais autour de 2050, il deviendra classique. Il nous fait toucher du doigt à quoi ressemblera un réchauffement climatique mondial de 2 °C attendu vers 2050 en considérant les trajectoires des émissions actuelles et les politiques publiques en place.

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