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Avec l’inflation, les ventes de produits bio connaissent un « ralentissement inédit »


Le magasin Biocoop donnant sur la petite place arborée du Général-Beuret, dans le 15e arrondissement de Paris, souhaite encore un « bel & bio été à toutes et à tous », écrit à la craie sur l’ardoise de sa devanture. Rideau aujourd’hui baissé, cette enseigne ouverte en 2015 n’a pas passé l’été. Le tribunal de commerce de Paris a prononcé, le 23 août, l’ouverture de la liquidation judiciaire, faisant suite à une mise en cessation de paiements, le 4 août. A quelques centaines de mètres de là, rue Saint-Lambert, c’est un Bio c’Bon (groupe Carrefour) qui offre au regard de la rue ses entrailles entièrement vides.

Symbole de la déconfiture des magasins bio, Les Nouveaux Robinson, l’un des pionniers en région parisienne, qui avait ouvert le premier magasin bio d’Ile-de-France, à Montreuil, en 1993, va disparaître. Lundi 17 octobre, réunis en assemblée générale, les sociétaires ont validé la dissolution anticipée de la coopérative et la vente à venir de l’ensemble des actifs, dont l’entrepôt et les huit magasins restants, après la cession, fin juin, de neuf points de vente à un franchisé de Naturalia (groupe Casino), et la fermeture de deux autres en 2021 et 2022.

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Déjà concurrencé par la grande distribution traditionnelle, l’essor de produits estampillés « haute qualité environnementale » ou « sans pesticides » – dont le cahier des charges est nettement moins contraignant que le bio – et les commerces de circuit court, le marché du bio enregistre un coup de frein brutal à cause de l’inflation. « Les 15 % de croissance tous les ans, c’est fini », reconnaît Sylvain Ferry, directeur général de Biocoop, qui se revendique leader du secteur, avec 780 magasins.

« Pris de court »

Le cabinet d’études NielsenIQ observe un « ralentissement inédit », avec une baisse de 5,3 % des ventes dans les grandes enseignes généralistes. Le poids du bio en valeur y est passé de 5,1 % en 2020 à 4,9 % en 2022. Il était de 2,1 % en 2014. Les circuits de vente spécialisés souffrent davantage, avec une chute de 16 % en moyenne, d’après le cabinet d’analyse Biotopia. Chez Biocoop, le repli est compris « entre 7 % et 8 % en valeur depuis janvier », rapporte M. Ferry.

« Le marché bio est compliqué cette année, reconnaît Allon Zeitoun, directeur général de Naturalia. Il y a encore un an et demi, tout le monde disait qu’en sortie du Covid-19 le consommateur allait être plus engagé. La décélération du marché nous a tous pris de court. » En ces temps d’inflation élevée – 5,6 % selon l’Insee en septembre, mais 9,9 % pour le seul poste alimentation –, le prix s’avère dissuasif. « Un panier bio peut coûter 45 % plus cher qu’un panier conventionnel », souligne NielsenIQ, dont un sondage publié début octobre montre que 54 % des Français trouvent que ces produits sont trop chers par rapport aux bénéfices qu’ils apportent.

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