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dialogue autour du droit de tuer les animaux

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Livre. Corine Pelluchon est une philosophe spécialisée dans l’éthique appliquée à la médecine, à l’environnement et aux animaux ; Jocelyne Porcher une ancienne éleveuse devenue sociologue et directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). De l’automne 2021 au printemps 2022, ces deux intellectuelles ont entretenu, à la demande des éditrices Sophie Nordmann et Mazarine Pingeot, une correspondance nourrie autour d’un sujet qui engendre volontiers les passions : la cause animale. Au fil de cette longue conversation, Corine Pelluchon et Jocelyne Porcher examinent les multiples facettes d’une question philosophique vertigineuse : avons-nous le droit de tuer des animaux ?

Page après page, lettre après lettre, cette réflexion à deux voix offre tous les charmes du genre un peu désuet de l’échange épistolaire – l’effort d’argumentation et de rigueur qui accompagne souvent l’écriture, mais aussi l’élégance des formules de politesse, le plaisir des citations littéraires et la courtoisie des vœux de bonne année. Cette délicatesse n’efface pas les désaccords, voire les tensions : si Corine Pelluchon, qui se dit « végan et abolitionniste », est opposée, par principe, à l’élevage et à l’abattage des bêtes, Jocelyne Porcher défend avec conviction les fermes familiales qui travaillent de manière « pacifique et respectueuse » avec les animaux – même s’ils sont promis à la mort.

Corine Pelluchon et Jocelyne Porcher partagent une seule certitude : toutes deux critiquent de manière radicale le modèle industriel, scientifique et taylorisé de production animale qui s’est imposé en Occident. « Il transforme les animaux en machines, s’oppose au sens de l’élevage qui est une relation au vivant et dessaisit les éleveurs de leur savoir-faire », accuse Corine Pelluchon. Il instaure un rapport « d’indifférence et de cruauté institutionnalisé envers les animaux », analyse en écho Jocelyne Porcher. Pour le reste – et notamment la question de savoir si la fin de l’élevage constitue, ou pas, un « horizon désirable » –, un abîme sépare les deux intellectuelles.

« Droit illégitime »

Pour Corine Pelluchon, la mise à mort d’un animal jeune et en bonne santé est une transgression majeure dès lors que nous pouvons répondre à nos besoins nutritionnels autrement. « C’est un droit que nous nous octroyons sur un être, et ce droit est illégitime quand cette mise à mort n’a rien d’absolument nécessaire, écrit-elle. Il n’est pas fondé sur la nature des choses, sur le fait que les animaux auraient été créés pour nous servir d’aliment ou de ressource, mais sur une convention et une habitude, sur une coutume. » Une tradition, ajoute-t-elle, qui est le fruit – malheureux – de la séparation radicale entre nature et culture qui gouverne, en Occident, nos relations avec le vivant.

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