Stephanie
Selon une étude publiée en 2021, l’été pourrait durer près de six mois à l’horizon 2100. Un changement qui n’est pas sans conséquences pour les activités humaines et pour la biodiversité.
“Y a plus de saisons”. Cet adage était un classique des conversations banales sur la météo. Des légumes d’été à la mi-octobre, des vendanges précoces… Aujourd’hui, il semblerait que, à l’aune du dérèglement climatique, ce dicton se vérifie de plus en plus.
La France connaît en ce mois d’octobre une douceur, voire une chaleur, remarquable pour la saison. “Ce n’est pas tant exceptionnel sur le niveau des températures, mais c’est un record dans la durée de cette extrême douceur”, explique à BFMTV.com Christine Berne, climatologue à Météo-France.
En effet, il semble cette année que l’été dure depuis le début du mois de mai. “En mai, on a eu une vague de chaleur extrême et on retrouve une symétrie avec ce mois d’octobre”, poursuit Christine Berne. S’ajoute à cela un été de tous les records au niveau des températures élevées.
“Avec le réchauffement climatique, les étés empiètent sur l’automne et le printemps”, affirme la climatologue.
Vers un été de six mois en 2100?
Depuis plusieurs années, un allongement de la période chaude de l’année est observé. Et cette extension s’effectue, de fait, au détriment des autres saisons. Une valse des saisons caractérisée dans une étude parue en 2021 dans la revue Geophysical Research Letters.
“La longueur et les dates de début des quatre saisons ont changé”, résument les chercheurs, ajoutant que “les cycles ne peuvent plus être divisés en quatre saisons de longueur égale”.
Aux latitudes de la France métropolitaine, l’été aurait déjà progressé de dix-sept jours entre 1952 et 2011, passant de 78 à 95 jours. Selon cette étude, en suivant un scénario pessimiste du Giec, l’été pourrait durer six mois en 2100. À l’inverse, l’hiver se raccourcit, accompagné de printemps et d’automnes plus courts.
Sécheresse, incendies, orages…
“On pourrait observer ce phénomène avec bienveillance, se disant que c’est bien d’avoir chaud en automne, mais cela vient avec son lot de conséquences négatives”, met en garde Christine Berne.
D’abord en termes de pluviométrie. “L’été est une période avec des pluies peu abondantes, mais d’habitude les nappes phréatiques se re-remplissent à l’automne. C’est de moins en moins le cas”, détaille la climatologue.
Conséquences de ces étés qui s’allongent: un risque d’incendies accru, des périodes de sécheresse, des orages plus violents ou encore une saison d’allergies plus longues. Et les activités humaines, comme l’agriculture ou le tourisme, subissent également de plein fouet ce bouleversement des saisons.
Des risques pour la biodiversité
Les écologues sont particulièrement inquiets face à ces changements. Ils craignent notamment qu’ils n’entraînent des décalages entre les différentes espèces, notamment entre les végétaux, qui s’adaptent plus vite au réchauffement climatique, et les animaux.
En effet, dans une étude de la Royal Society publiée en février, des chercheurs britanniques ont conclu que les plantes fleurissaient un mois plus tôt qu’au siècle dernier en Grande-Bretagne, à cause du réchauffement climatique et donc de l’allongement de l’été sur le printemps.
Il risque donc d’y avoir un décalage entre les floraisons, la présence de pollinisateurs et les cycles de reproduction de certaines espèces – périodes où elles ont besoin de nourriture. De plus, d’autres pourraient également manquer de froid pour réussir à se développer normalement et pourraient ainsi disparaître de certaines régions.
Cet empiètement progressif de l’été sur le printemps et l’automne s’accompagne également d’étés plus chauds, comme celui de cette année, et d’hivers plus doux et moins enneigés.
