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Des recherches de l’université Harvard sur des macaques suscitent l’indignation de primatologues


Une femelle macaque dont le bébé lui a été retiré tient un jouet en peluche fourni par le laboratoire de neurobiologie de l’école médicale de l’université Harvard, aux Etats-Unis.

Des macaques aux paupières suturées, gardées closes un an, pour étudier les conséquences neurobiologiques de la cécité. Des femelles séparées de leur bébé juste après la naissance, qui se voient confier, en compensation, une peluche, pour comprendre les ressorts de l’attachement chez les primates. Ces recherches, menées au sein de l’école médicale de l’université américaine Harvard, provoquent une vague d’indignation depuis la publication, mi-septembre, d’un article en présentant les résultats, dans la prestigieuse revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Lundi 17 octobre, 250 scientifiques – éthologues et primatologues, pour la plupart – ont écrit à la publication pour lui demander de rétracter l’article. Une démarche rare, sur laquelle la revue ne s’est pas encore prononcée.

Les travaux contestés ont été conduits par la professeure Margaret Livingstone, du département de neurobiologie de Harvard. C’est à la demande de la revue PNAS que cette chercheuse, récemment élue à l’académie américaine des sciences, a publié les résultats de ses observations de primates séparés de leur bébé, dans le cadre d’une série d’écrits des nouveaux membres de l’institution.

L’université a justifié, dans un communiqué, ces recherches qui « fournissent une connaissance essentielle sur la vision, le développement cérébral et les troubles neurologiques »

Le docteur Livingstone y relate que des femelles se sont attachées à leur « doudou » par le toucher, avec une préférence pour les peluches douces par rapport aux jouets durs. L’article de PNAS cite aussi des travaux antérieurs menés par la même équipe sur la perte de vision, qui impliquaient une suture temporaire des paupières de macaques nouveau-nés. L’effet devait s’estomper au bout de quelques jours, mais les primates gardaient, de fait, les yeux fermés une année durant. Cette privation visuelle n’est plus en cours à l’université Harvard, mais la séparation maternelle continue, elle, d’être pratiquée.

Catherine Hobaiter, primatologue à l’université de Saint-Andrews (Ecosse), à l’initiative avec une doctorante, Gal Badihi, de la lettre envoyée à PNAS, se dit particulièrement choquée par les méthodes employées. « Depuis les années 1960, nous savons que les expériences qui s’appuient sur la séparation maternelle sont extrêmement problématiques. Nous pouvons et devons faire mieux aujourd’hui. » La publication de ces travaux a également indigné l’association de protection animale PETA, qui a demandé à Harvard l’arrêt immédiat de ces expériences.

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