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Pourquoi l’exécutif peine à intégrer le climat dans l’horizon politique


Christophe Béchu ministre de la transition écologique, Olivier Dussopt, ministre du travail et du plein emploi, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, lors de présentation du plan de sobriété énergétique, à Paris, le 6 octobre 2022.

Détermination et humilité. La première ministre, Elisabeth Borne, a présenté, vendredi 21 octobre, sa « méthode de planification écologique ». « Nous devons engager des changements radicaux dans nos manières de produire, de consommer, d’agir », a martelé la locataire de Matignon, tout en soulignant que « la transition écologique ne connaît pas de solution miracle ». Enième tentative de s’attaquer au sujet, ou vrai tournant ?

« Ce qu’on a vu pour le moment, ce sont des photos. Mais il manque le script du film, un narratif partagé. On se fixe des objectifs de long terme ambitieux, et nécessaires, et quand, cinq ans après, on ne les a pas atteints, on en refixe de nouveaux », estime Benoît Leguet, directeur général de l’institut économique pour le climat (I4CE), un think tank sur l’économie de la transition écologique fondé par la Caisse des dépôts et l’Agence française de développement. Le sujet ne concerne pas que la France : le plan climat de la Commission européenne a fixé l’an dernier un objectif de réduction de 55 % des émissions de gaz effet de serre (par rapport à 1990) « alors qu’on ne savait déjà pas exactement comment atteindre 40 % », pointe M. Leguet.

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La multiplication des crises, ces dernières années, n’aide pas les politiques à se projeter vers cet horizon. « On s’est illusionné sur une possible planification face à la crise énergétique. A la place, on a une somme d’actions, pas forcément coordonnées, et dont l’Etat essaie de gérer les effets de bord », souligne Xavier Ragot, président de l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Au-delà, « inscrire les enjeux climatiques dans nos politiques publiques est un défi considérable, car il s’agit de se préoccuper des générations à venir, qui ne votent pas », résume Jean Pisani-Ferry, professeur d’économie à Sciences Po et conseiller d’Emmanuel Macron pendant la campagne de 2017. Selon lui, les catastrophes climatiques des derniers étés (canicules, incendies…) ont toutefois changé la perception des Français : ces derniers ne s’interrogent plus sur ce qui arrivera aux générations futures, mais à eux-mêmes et à leurs enfants.

Longue liste de plans

Cette entrée dans l’atmosphère politique des préoccupations climatiques n’a pas échappé aux gouvernants. « C’est la première fois dans l’histoire du pays que la première ministre est chargée de la planification écologique », rappelle Matignon. Mais pour quels effets concrets ?

La liste des plans climat dont s’est déjà dotée la France donne le tournis : stratégie nationale bas carbone, plan national d’adaptation au changement climatique, et bientôt loi de programmation énergie climat… Les initiatives s’enchaînent, sans musique d’ensemble. « La stratégie nationale bas carbone est élaborée au sein du ministère de la transition écologique, mais absolument pas partagée par le gouvernement. On reste à un niveau de technos », constate M. Leguet. « Jusqu’ici, les questions climatiques n’étaient pas dans l’horizon des administrations. C’était des sujets sectoriels, portés par un ou deux ministères », confirme M. Pisani-Ferry.

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