Dans quelle mesure les textes de l’Ancien Testament ont-ils un fondement historique ? L’étude de plusieurs sites archéologiques a permis, notamment grâce à un nouvel outil de datation se basant sur les variations du champ magnétique, de corroborer plusieurs événements relatés dans les récits bibliques.
L’Ancien Testament, aussi appelé Bible hébraïque, est un ensemble de récits religieux écrits vraisemblablement entre les VIIIe et IIe siècles avant J.-C. La majorité des textes semblent cependant avoir été écrits bien après les événements qu’ils relatent et ont certainement une visée théologique bien plus qu’historique. Majoritairement, ils peuvent ainsi être définis comme des récits mythologiques. Cependant, les scientifiques se posent depuis longtemps la question du fondement historique des récits de l’Ancien Testament. C’est ainsi qu’apparaît, au début des années 1900, l’archéologie dite biblique, dont l’objectif est de trouver la confirmation des textes religieux grâce à des fouilles archéologiques.
La géophysique, support essentiel à l’archéologie
Plusieurs sites archéologiques en Israël sont ainsi suspectés de porter la trace historique de faits relatés dans l’Ancien Testament. Les textes religieux font en effet mention de plusieurs cités détruites lors de différentes campagnes militaires menées par les Égyptiens, les Araméens, les Assyriens et les Babyloniens contre les Royaumes d’Israël et de Judah. Plusieurs sites archéologiques montrent en effet des traces de destruction. Restait à dater ces vestiges avec précision afin de vérifier les allégations des textes bibliques.
C’est là qu’intervient la géophysique. Parmi les méthodes de datation, les inversions du champ magnétique peuvent en effet s’avérer particulièrement utiles pour les recherches archéologiques. Les objets qui contiennent des minéraux magnétiques, comme ceux en terre cuite, ont la capacité d’enregistrer l’orientation et l’intensité du champ magnétique ambiant lorsqu’ils sont chauffés à une certaine température, comme lors de leur fabrication (cuisson), ou lors d’un incendie majeur. Le champ magnétique n’étant pas stable dans le temps, ces objets présentent aujourd’hui une aimantation rémanente anormale par rapport au champ actuel. L’étude de cette différence d’intensité et de direction du champ magnétique permet alors de dater la cuisson de l’objet ou son contact avec le feu et donc d’établir l’âge de certains niveaux archéologiques.
Des datations qui corroborent les textes bibliques
C’est en utilisant cette méthode qu’un groupe de scientifiques de l’université de Tel Aviv et de l’université Hébraïque ont réussi à dater 21 niveaux archéologiques présentant des destructions sur l’ensemble du territoire israélien. Les résultats, publiés dans PNAS, ont ainsi permis de vérifier l’historicité de plusieurs événements décrits dans l’Ancien Testament. La concordance des âges a en effet permis de montrer que c’est bien l’armée d’Hazaël, roi araméen d’Aram-Damas de -842 à -805, qui aurait détruit plusieurs cités (Gath des Philistins, Tel Rahov, Tel Zayit, Horvat Tevet) lors d’une campagne militaire contre les rois d’Israël et de Judah. Des événements dont il est fait mention dans la Bible hébraïque. Si l’existence d’Hazaël avait déjà été attestée par la découverte de certains objets archéologiques, les données géomagnétiques datent quant à eux la destruction de ces quatre villes aux alentours de -830, ce qui permettrait donc d’associer clairement ces événements à ce roi araméen, confirmant le fondement historique de certains des textes religieux.
D’un autre côté, les résultats montrent que la destruction de la ville de Tel Beth-Shean ne peut être imputée à Hazaël, comme le stipulaient de précédentes hypothèses. Cette ville, ainsi que deux autres situées dans le nord d’Israël auraient été détruites 70 à 100 ans plus tôt, lors d’une campagne militaire menée par le pharaon égyptien Shoshenq, elle aussi décrite dans la Bible. La conquête de Beth-Shean est d’ailleurs mentionnée dans une inscription sur le temple d’Amun à Karnak, en Égypte, corroborant ainsi les nouvelles données géomagnétiques.