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«Gotham Knights»: la chute de Batman dans un univers conçu à Montréal


En l’absence de Batman, les rues de Gotham fourmillent de criminels, de rapaces et de malfaiteurs de tout genre. Elles n’ont en fait jamais été aussi vivantes. Mais dans l’ombre, quatre justiciers les guettent. Et ils sont prêts à tout pour protéger la ville, bâtie de toutes pièces ici même, à Montréal.  

C’est fini pour Batman. Le célèbre justicier masqué, ardent protecteur de la ville de Gotham, tire sa révérence dans Gotham Knights, périssant aux mains de son ennemi de longue date, Ra’s al Ghul. 

Pas de panique, il ne s’agit en rien d’un divulgâcheur. 

Bruce Wayne décède dans le préambule de cette nouvelle aventure vidéoludique, avant même que les manettes n’octroient quelque pouvoir que ce soit au joueur. Et le studio WB Games a insisté sur ce point tout au long de la campagne promotionnelle déployée avant même que Gotham Knights n’arrive en magasins, la semaine dernière. 

Le but de ce travail en amont? S’assurer que les fans ont déjà encaissé le choc lorsque viendrait le temps de glisser le jeu dans leur console. 

Un risque calculé

N’empêche, la scène est percutante, une gracieuseté des équipes d’animation montréalaise. Il fallait avoir du cran – et pas juste un peu – pour amorcer l’aventure Gotham Knights avec ces images d’un Batman rendant l’âme. Ça, les membres du studio montréalais WB Games en sont bien conscients. C’était risqué, oui, mais c’était surtout « nécessaire » pour offrir aux joueurs des possibilités de progression, nous précise-t-on. 

« En fait, Batman est un parangon, il est déjà au top de ce qu’il peut être », avance la productrice exécutrice Fleur Marty, en visioconférence avec Le Journal

« Et s’il est vivant, il y a toujours une possibilité dans la tête du joueur qu’il réapparaisse finalement, qu’il vienne sauver les choses, et cetera. Donc son investissement envers les personnages de notre jeu serait dilué, s’il se dit que cette figure paternelle peut intervenir à tout moment. Alors la meilleure chose à faire était de retirer totalement Batman de l’équation… en le tuant. C’est un risque, mais il était nécessaire », complète-t-elle. 

Mais d’un point de vue narratif, ce décès majeur s’est avéré un puissant moteur pour les quatre héros de Gotham Knights, nommément Robin, Nightwing, Batgirl et Red Hood. Désormais unis par cette tragédie, ils se retrouvent pour une rare fois sur un même pied d’égalité, démarrant sur des bases communes. Car on ne le cachera pas, déployer une intrigue avec autant de justiciers complique la tâche à l’équipe narrative. 

« C’est certain que c’est plus complexe », acquiesce Ann Lemay, directrice narrative chez WB Games. 

« Mais comme on le savait dès le départ, on a tout planifié en conséquence ; il y a des avenues qu’on a choisi de ne pas explorer pour cette raison. Et cet incident qui débute le jeu – la mort de Batman – nous permet d’appliquer une même thématique à chaque personnage. De là, ils évoluent chacun à leur manière, selon leur background », termine-t-elle. 

En solo ou en duo

Ainsi, le joueur peut explorer la ville de Gotham et ses mystères dans la peau du justicier de son choix selon ses stratégies prisées. Par exemple, Red Hood représente une force brute, tandis que Batgirl aborde les événements avec plus de finesse grâce à ses connaissances en technologie. Et on peut changer de personnage à tout moment, histoire de vivre une même histoire avec différentes nuances. 

Tout ça, de surcroît, en solo ou en duo. Car contrairement aux différents chapitres de la saga Batman Arkham, l’accent a été mis sur le jeu coopératif, où deux personnes peuvent unir leurs forces pour faire régner la paix dans les rues de Gotham. 

« On voulait faire un jeu qui se joue aussi bien, et de manière aussi agréable, en solo et en coop à deux joueurs. Alors deux chevaliers peuvent combattre les crimes chacun de leur côté, aux extrémités de la ville, puis se retrouver un moment pour combattre un vilain ou un crime en particulier, sans être obligés d’être toujours ensemble. C’était important pour nous qu’une des deux propositions soit meilleure que l’autre », précise Fleur Marty. 

Gotham Knights est présentement disponible sur PS5 et Xbox Series.

Gotham peut dormir sur ses deux oreilles. Même sans Batman, la ville demeure entre bonnes mains avec Nightwing, Batgirl, Robin et Red Hood comme en fait foi Gotham Knights, un jeu imparfait, mais franchement captivant. 

On l’avoue, on craignait pour la franchise amorcée avec Batman : Arkham Asylum en 2009, qui évolue désormais sans le Chevalier noir. Gotham sans son héros garderait-elle son attrait ? La réponse ne tarde pas à venir. Et elle est sans équivoque : oui. 

Car Nightwing, Batgirl, Robin et Red Hood s’avèrent de dignes successeurs, reprenant le flambeau de leur mentor pour nettoyer les rues de la ville de la racaille qui y grouille jour et nuit. Et en donnant la liberté au joueur de choisir le héros qu’il souhaite personnifier (chacun a ses propres aptitudes spécifiques), on lui permet de vivre une expérience plus personnalisée. 

On a donc pris un malin plaisir, d’abord à explorer les rues de Gotham – plus magnifique et vaste que jamais – pour y traquer Mr. Freeze, le Pingouin et autres Harley Quinn au fil des différentes enquêtes proposées. 

C’est d’ailleurs sur ce point que Gotham Knights surprend davantage que ses prédécesseurs ; les enquêtes menées par nos justiciers sont plus prenantes et plus complexes, en plus d’être fichûment bien ficelées. 

Redondant

Les combats impliqués demeurent tout de même le talon d’Achille de Gotham Knights. Oui, ils sont fluides et enlevants. Mais ils sont aussi, et malheureusement, répétitifs à la longue. Soulignons toutefois l’unicité de chacun des héros mis à notre disposition ; en alternant entre Batgirl, Robin, Red Hood et Nightwing au fil de son parcours, le joueur peut contourner momentanément ce sentiment de redondance. 

Les dialogues superflus, par contre, on n’y échappe pas. On se lasse vraiment rapidement d’entendre piétons et passants lancer le même bouquet de phrases en rotation. « Quoi, encore un justicier ? » et autres « Eh, mais c’est Nightwing ! » n’ont pas tardé à nous agacer.  

N’empêche, Gotham Knights réussit ce qu’on croyait [presque] impossible : garder Gotham aussi invitante que captivante, même sans l’apport de Batman. Et pour ça, on lui lève notre chapeau. 

Gotham Knights: ★★★1⁄2



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