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Se curer le nez, une vaste affaire de primates

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Un aye-aye (Daubentonia Madagascariensis).

Imaginez-vous la scène. Biologiste, vous étudiez l’évolution de la capacité préhensile chez les primates en lien avec leur adaptation arboricole. Votre objet d’attention du moment : un lémurien du nom d’aye-aye, notamment connu pour la taille impressionnante de ses doigts. Vous n’êtes pas à Madagascar, la terre d’élection de l’animal, mais à l’université Duke, en Caroline du Nord. Des Américains y sont passés maîtres dans la reproduction de ces petits primates. Soudain, devant vos yeux, l’un des individus fourre son majeur dans une de ses narines, la cure ostensiblement… puis mange le résultat de son labeur.

« Tiens, il n’y a pas que les hommes qui font ça ? », s’est étonnée la biologiste Anne-Claire Fabre

Que faire ? Eclater de rire ? Tourner la tête, écœuré ? Prendre son portable pour poster une vidéo sur Instagram ? Anne-Claire Fabre, professeure de biologie à l’université de Berne et conservatrice chargée des mammifères au Muséum national d’histoire naturelle suisse, raconte s’être d’abord étonnée. « Tiens, il n’y a pas que les hommes qui font ça ? » Puis, en bonne scientifique, elle a soupçonné un joli sujet de recherche. Le résultat, cosigné par six chercheurs de cinq pays, a été publié le 27 octobre dans le Journal of Zoology. « Dans le numéro d’Halloween », déclare-t-elle en souriant. Délicieux article.

La chercheuse a entrepris de comprendre par quel miracle l’animal parvenait à enfoncer ce long majeur griffu dans une de ses narines, y accomplir des mouvements de va-et-vient, le tout sans se faire sauter les sinus. Précisons que ledit appendice atteint 8 centimètres pour un corps de moins de 40 centimètres (faites le calcul et comparez)… Renaud Boistel, du Muséum d’histoire naturelle de Paris, s’est chargé de reproduire l’anatomie 3D de la bestiole et a permis de déterminer l’improbable parcours. « Le doigt entre par le nez, se faufile jusqu’au pharynx et rejoint le fond de la bouche, résume Anne-Claire Fabre. En fait, l’animal reproduit les mouvements qu’il accomplit lorsqu’il mange un œuf cru ou une orange : il récure, ressort son doigt puis le lèche. On peut aussi noter que si l’aye-aye cure aussi ses oreilles, il ne mange jamais ce qu’il en extrait. »

« Beaucoup de blagues »

Mais pas de bonne science sans étude bibliographique. L’équipe a donc plongé dans la littérature. « Nous nous sommes aperçus qu’en plus des ayes-ayes et de nous la pratique de se curer le nez avait été décrite chez dix autres espèces de primates », insiste la chercheuse suisse. Chimpanzés, bonobos, deux espèces de gorilles, trois espèces de macaques, les orangs-outans de Sumatra et deux espèces de capucins. Sans compter les espèces moins habiles, comme les girafes, qui faute de doigts, lèchent le mucus qui s’écoule de leur nez… La biologiste constate toutefois que peu de chercheurs dépassent la description anecdotique. « C’est drôle ou c’est dégoûtant. Beaucoup de blagues, peu d’infos », résume-t-elle.

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Written by Milo

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