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La baisse des émissions de méthane du secteur pétrogazier, enjeu crucial pour le climat


Une usine de traitement du charbon à Hejin, dans la province chinoise du Shanxi, le 28 novembre 2019.

Si une molécule de méthane est vingt-cinq fois plus puissante comme gaz à effet de serre direct qu’une molécule de dioxyde de carbone (CO2), elle s’oxyde au bout d’une décennie. « Réduire les émissions de méthane rapidement est le moyen le plus efficace pour lutter contre le changement climatique à court terme », affirme l’Observatoire international des émissions de méthane (IMEO) du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dans un rapport 2022 publié lundi 31 octobre. Les auteurs s’appuient sur le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce dernier signale que pour atteindre les objectifs climatiques, en parallèle des baisses substantielles de tous les autres facteurs de réchauffement, une réduction des émissions mondiales de méthane de 45 % d’ici à 2030 est nécessaire.

« Aujourd’hui, nous sommes sur une trajectoire de croissance importante de concentration atmosphérique de méthane, en totale contradiction avec la volonté de réduire les émissions », alerte Philippe Bousquet, professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et spécialiste de la modélisation des gaz à effet de serre de l’atmosphère. Une augmentation incessante des concentrations de méthane est observée depuis 2007, avec un rythme de progression de plus en plus soutenu à partir de 2014. La quantité de méthane émis par les activités humaines, en 2017, est estimée à 322 millions de tonnes, selon la dernière étude de référence citée par l’IMEO.

Les principales sources d’émission, rappelle l’Observatoire, sont la production de pétrole et de gaz, l’utilisation de charbon pour fabriquer de l’acier, les déchets, la production de riz et le bétail. Parmi elles, le secteur des combustibles fossiles aurait un potentiel de réduction d’émission de méthane « de loin le plus important ».

Améliorer les procédés industriels

Ainsi, pour parvenir à réduire les émissions de méthane liées aux activités humaines, l’IMEO met l’accent sur le secteur des combustibles fossiles, qui « est capable de réduire ses émissions de 75 % d’ici à 2030 sans coût significatif et sans impact sur le fonctionnement global du marché », en améliorant ses procédés industriels, avance la commissaire européenne à l’énergie, Kadri Simson, dans le nouveau rapport. Le secteur des combustibles fossiles a émis 125 millions de tonnes de méthane en 2017, soit 39 % des émissions globales cette année-là.

Toutefois, l’Observatoire met en garde sur « l’incertitude concernant l’ampleur et la localisation » des émissions, en expliquant les raisons multiples : des méthodes d’estimation fondées sur des taux d’émission théoriques pour chaque activité, sans tenir compte des conditions réelles de production ; la diversité des sources et l’étendue de leur répartition dans l’environnement ; l’attention portée au méthane qui serait relativement récente… « Le méthane n’a pas été une priorité politique », dit l’IMEO, qui souhaite inverser la tendance avec une mise en œuvre efficace du pacte global pour le méthane.

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