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Autodéfense sociologique dans « Actes de la recherche en sciences sociales »

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La revue des revues. Actes de la recherche en sciences sociales n’est pas la revue de Pierre Bourdieu (1930-2002) pour rien. Fidèle à la célèbre devise du sociologue, qui l’a fondée en 1975, son dernier dossier rappelle à quel point, ces temps-ci, la discipline est un « sport de combat ». Car « les sciences sociales sont attaquées » ces dernières années, s’inquiètent les cinq coordinateurs du numéro dans leur introduction. Du « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser » de l’ancien premier ministre Manuel Valls en 2015, au colloque « anti-woke » de la Sorbonne en janvier, le comité déplore une animosité politique croissante.

« Si l’hostilité aux sciences sociales n’est pas propre à la période actuelle, elle prend une forme nouvelle aujourd’hui par sa vigueur et par les effets qu’elle commence à produire », s’alarment les auteurs, qui pointent au passage la précarisation de la recherche publique. Selon eux, cette « haine de la sociologie » s’acharne en particulier sur trois objets d’étude – le genre, la race et l’intersectionnalité – et n’est pas propre à la France : « Du Brésil au Japon en passant par le Danemark ou la Grèce, on assiste partout à une politisation de la question des sciences sociales qui [se traduit] par la tentation – et souvent la tentative, plus ou moins violente – de s’opposer aux positions politiques qui en émanent. »

Critique de la critique

Rose-Marie Lagrave tente justement de faire le point sur cette « haine tentaculaire ». Elle décèle « une convergence autour de Mai 68, comme événement fondateur d’un dérèglement censé avoir tordu et endigué les sciences sociales dans un “gauchisme” malséant », et dénonce les « conjurés de la neutralité axiologique » qui, telle Nathalie Heinich, ciblent un présumé « militantisme » des chercheurs pour ostraciser des courants critiques. L’historien Christophe Charle poursuit en s’interrogeant sur les « malentendus » entre les sciences sociales et la société, appuyant sur leur « fragilité » dans le champ universitaire et intellectuel.

Après un panorama où sont évoqués le Danemark, la Grèce, l’Allemagne et la période soviétique, une dernière série d’articles pose un regard critique sur la méthode sociologique. Julien Duval réfléchit aux conditions d’autonomie de ce champ disciplinaire, tandis que Marie-Pierre Pouly s’attache à la pédagogie autour de la construction de l’objet sociologique. Cette condition nécessaire à « la formation de l’esprit scientifique » voisine avec une autre réflexion sur la confrontation des enquêtés à la restitution d’une étude, car « prendre la vérité dans la gueule » constitue parfois une violence.

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