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l’agriculture et l’alimentation, enjeux négligés des négociations sur le climat


Un élevage de vaches laitières, dans la région de Waikato, en Nouvelle-Zélande, le 11 octobre 2022. Le pays a dévoilé des plans visant à taxer les émissions de gaz à effet de serre des animaux d’élevage.

A chaque conférence mondiale sur le climat (Conférence des parties, COP), la critique est récurrente, émanant d’ONG, de scientifiques, et même d’institutions internationales : dans les débats officiels, l’agriculture et l’alimentation sont reléguées au second plan, alors même que le secteur représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine et que les producteurs agricoles comptent parmi les populations les plus directement affectées par les bouleversements climatiques.

A la fois victime et acteur du réchauffement, le secteur agricole est un levier majeur pour espérer respecter l’objectif de l’accord de Paris de ne pas dépasser + 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Mais, bien loin de l’attention que reçoivent les secteurs des transports ou de l’énergie, l’alimentation n’a été jusqu’à présent abordée qu’en marge des discussions institutionnelles sur le climat, lors d’événements parallèles ou au détour de débats sur d’autres sujets.

L’Egypte, qui accueillera la 27e COP du 6 au 18 novembre à Charm El-Cheikh, dit vouloir changer la donne. Porte-voix des pays africains, particulièrement concernés par les enjeux de résilience agricole et d’adaptation, le pays hôte espère notamment obtenir des engagements financiers des nations du Nord pour ces questions. Pour la première fois, une journée sera consacrée à l’agriculture dans l’agenda officiel de la COP, le 12 novembre, et une table ronde réunissant des représentants politiques de haut niveau s’y tiendra le 7 novembre. La guerre en Ukraine est passée par là, mettant en évidence les déséquilibres des systèmes alimentaires mondiaux, basés sur de fortes interdépendances. Cette année, les récoltes agricoles ont également subi des phénomènes de sécheresse extrême, dans les pays du Sud comme du Nord, et d’inondations ravageuses au Pakistan et au Nigeria.

Des effets potentiellement délétères

Pour beaucoup d’observateurs, les négociations climatiques ont été une occasion ratée de traiter ces enjeux. Dans un rapport publié le 24 octobre, une coalition de fondations privées, la Global Alliance for the Future of Food, conclut que seulement 3 % des finances publiques pour le climat sont orientés vers l’agriculture et les systèmes alimentaires, en décalage avec le poids du secteur. Les Etats eux-mêmes sous-estiment l’importance du secteur. Parmi les pays développés, la majorité (62 %) ne présente aucune mesure liée aux systèmes alimentaires dans leurs « contributions déterminées au niveau national » (NDC), les engagements nationaux pris à l’horizon 2030. Quant aux pays en développement, seulement 4 % de leurs besoins financiers quantifiés dans leurs engagements sont destinés à la transformation et à la résilience des systèmes alimentaires.

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