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À Montréal, la recherche sur la dépression s’appuie sur une banque de cerveaux

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La plus grande banque de cerveaux du Canada fournit des échantillons à des chercheurs partout à travers le monde. Prélevés sur des défunts ayant souffert de troubles mentaux, les cerveaux sont aussi étudiés sur place. Ils permettent de mieux comprendre les mécanismes biologiques à l’œuvre dans des maladies neurologiques très variées, dont la dépression.

De notre correspondant à Montréal,

Au quatrième étage du centre de recherche Douglas, en plein cœur de Montréal, Éric ouvre une double porte avec un grand sourire. L’homme à tout faire du centre spécialisé dans la recherche sur la santé mentale n’a pas souvent l’occasion de pénétrer dans ce secteur, confie-t-il. Devant nous s’ouvre un long couloir. Sur les murs, des neurones sont peints de toutes les couleurs. À gauche, cinq portes verrouillées : ces dernières donnent accès au trésor du centre universitaire.

D’un bip, l’une de ces portes s’ouvre sur une petite pièce. Des boîtes en plastique remplies d’un liquide jaunâtre, le formol, qui conserve les découpes de cerveaux humains, sont entreposées sur une étagère. Des réfrigérateurs dont les panneaux d’affichage indiquent « -79 degrés » leur font face. À l’intérieur, d’autres découpes de cerveaux sont entreposées. Derrière l’aspect choquant de cette scène, un espoir : mieux comprendre le siège de nos émotions, pour mieux traiter et accompagner les personnes souffrant de troubles mentaux.

Des cerveaux par milliers

Gustavo Turecki se tient droit dans son fauteuil. Dans un coin du bureau, de nombreuses récompenses scientifiques sont exposées. La cinquantaine, le regard perçant et la voix posée, le codirecteur de la plus grande banque de cerveaux du Canada explique la raison d’être de son institution : « La banque est une collection de tissus cérébraux de gens qui sont décédés. Certains avaient des problèmes au niveau du cerveau, d’autres non. Le but, c’est de mieux connaître l’organe le moins bien connu de notre corps. »

Avec plus de 3 600 cerveaux, la banque de cerveaux de Montréal fait partie des plus grandes banques du globe. Chaque année, elle fournit plus de mille échantillons de tissus cérébraux à des chercheurs du monde entier, du Japon à l’Australie, en passant par les États-Unis et l’Europe.

Pour des raisons éthiques évidentes, il est impossible d’étudier directement les cerveaux humains en action : les opérations à crâne ouvert, périlleuses, ne sont pas utilisées que pour tenter de soigner un individu. Le seul moyen d’avoir accès à un cerveau est donc de l’obtenir d’un don, décidé avant ou après le décès.

Enjeux éthiques

En règle générale, il faut que le cerveau soit prélevé au maximum 24 heures après le décès, pour éviter que la décomposition n’endommage les tissus. Une contrainte qui met parfois l’équipe de Gustavo Turecki dans une situation délicate. « Si la personne n’a pas accepté ou refusé de don d’organe de son vivant, il faut parler dans les 24 heures avec la famille pour savoir si elle accepte que le cerveau du défunt soit prélevé. Une partie de l’équipe s’y consacre, car il faut faire preuve de tact », explique le chercheur.

Ces précieux organes sont ensuite découpés en tranches de un à deux centimètres, puis entreposés, en attendant d’être étudiés. Les chercheurs qui demandent à obtenir des échantillons de cerveaux sont ensuite strictement encadrés. Ils doivent déposer une demande formelle auprès de leur comité d’éthique, remplir un certain nombre de critères… Une fois validée, la demande est étudiée et approuvée à son tour par la banque de cerveaux. Comment les échantillons sont-ils envoyés ? « Par FedEx. Ce n’est pas une blague ! Même si, évidemment, il y a toute une procédure avec les douanes pour envoyer du matériel biologique », répond, amusé, Gustavo Turecki.

Étudier la dépression

Le chercheur est lui-même bénéficiaire de cette banque. Gustavo Turecki travaille spécifiquement sur l’influence des traumatismes sur le fonctionnement de notre cerveau, notamment la façon dont l’environnement social peut interagir avec le génome et augmenter le risque de dépression ou de suicide.


Depuis longtemps, on sait que nos expériences sociales influencent ces phénomènes. Seulement, le neuroscientifique a découvert que ces dernières peuvent aussi influencer directement le fonctionnement du cerveau, et le plonger dans cet état dépressif : « Nos recherches ont montré que l’expérience traumatique au début de la vie d’un individu va avoir un impact sur les structures du cerveau qui sont importantes pour réguler la réaction face au stress. »

Ces études ont un potentiel énorme pour les personnes souffrant de dépression. « Ce qui me pousse, c’est de comprendre comment le cerveau fonctionne, et ce qu’il se passe chez quelqu’un qui est déprimé. Si on arrive à comprendre et à mieux traiter ce qu’il se passe quand on est en dépression, on peut aider beaucoup de gens », espère le chercheur.

Les cerveaux stockés par la banque du centre de recherche Douglas sont analysés de plus en plus finement. La recherche avance à grand pas, détaille Gustavo Turecki : « Il y a une révolution dans la science du génome humain. La génomique unicellulaire nous permet d’étudier une seule cellule à la fois, de décortiquer des milliers de cellules, d’interroger chaque cellule pour comprendre comment elle se comporte, et de cartographier de manière inédite les organes et leur fonctionnement ». Avec, à terme, l’espoir de percées pour accompagner les personnes en état dépressif.



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Written by Milo

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