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Contrôle parental, GPS… Ces parents qui “espionnent” leurs enfants via leurs smartphones

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De nombreuses applications proposent aux parents de surveiller leur enfant et contrôler l’usage de leur smartphone. Allant de la limitation à l’espionnage.

Depuis leur entrée au collège, les deux garçons de Noémie* – 11 et 13 ans – sont équipés de smartphones. Mais ils sont strictement encadrés.

“Leur téléphone est bloqué jusqu’à 6 heures et après 21 heures en semaine, 22 heures le week-end”, explique la mère de famille à BFMTV.com. “Au-delà des plages horaires autorisées, ils peuvent quand même téléphoner, par exemple en cas d’urgence, mais ne peuvent ni envoyer de message ni aller sur internet.”

“C’était le deal dès le départ, ils savaient qu’il y aurait des règles”, insiste Noémie. Lors de l’achat des téléphones, une application de contrôle parental a ainsi été installée. “Ils l’ont bien acceptée”, assure-t-elle.

Parmi les autres restrictions fixées par la mère de famille: les enfants doivent demander l’approbation parentale avant le téléchargement de toute nouvelle application, ils sont limités à trente minutes sur Youtube Kids pour le plus jeune, une heure pour l’aîné – sans possibilité de publier des contenus sur la plateforme.

“Mais j’adapte selon leur attitude”, poursuit-elle. “S’ils se montrent responsables, je lâche un peu de lest. Sinon je bride.”

Quatre parents sur dix

Géolocaliser son enfant, limiter la durée d’utilisation du smartphone comme le fait Noémie, voire la zone d’utilisation, ou encore bloquer certains sites… De nombreuses applications proposent aux parents de surveiller leur enfant à distance et de contrôler son usage du smartphone.

Quatre parents sur dix ont déjà utilisé un logiciel d’espionnage de leur enfant, selon une enquête Ipsos diffusée début 2022 pour l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique ainsi que l’Unaf. Dans deux tiers des cas, les enfants n’étaient pas au courant.

“Ça en dit long sur le niveau d’inquiétude des parents”, observe pour BFMTV.com Thomas Rohmer, président-fondateur de l’Observatoire de la parentalité.

D’autant plus alors que les enfants sont équipés de smartphones de plus en plus jeunes. En moyenne, les petits Français reçoivent leur premier téléphone portable à 9 ans et 9 mois, selon une enquête Médiamétrie. Et au total, 65% des enfants et adolescents âgés de 11 à 14 ans sont déjà équipés.

Pour la sociologue Catherine Lejealle, enseignante-chercheuse à l’ISC Paris, le smartphone est devenu un “rite de passage” auquel il est difficile d’échapper. “C’est aussi un outil d’autonomie et de construction identitaire pour les adolescents”, assure-t-elle à BFMTV.com.

Lire les messages, enregistrer les mots de passe…

Si Noémie s’est quant à elle toujours refusée de géolocaliser ses fils et ne regarde “que d’un œil” le rapport hebdomadaire qui lui est envoyé – il détaille les recherches internet effectuées et les sites visités – certaines de ces applications proposent d’autres paramètres que Noémie juge “intrusifs”.

Comme vérifier la liste d’appels, lire les messages émis, envoyés ou supprimés, enregistrer les mots de passe, consulter l’historique de navigation mais aussi l’ensemble des échanges sur messageries et réseaux sociaux.

Une pratique qui n’est pas sans risque.

“C’est du même ordre que fouiller dans la chambre de son enfant ou lire son journal intime”, pointe Marie Danet, psychologue clinicienne

“C’est un mauvais signal pour la confiance et la relation parent-enfant”, assure à BFMTV la maîtresse de conférences en psychologie du développement à l’Université de Lille.

Dans un rapport publié ce jeudi, Claire Hédon, la défenseure des Droits, rappelle que les enfants ont “droit à une vie privée et à des espaces d’intimité et de secret” et appelle à évoquer le contrôle du téléphone portable “en toute transparence”. “Tout est une question d’équilibre”, a-t-elle expliqué sur RMC jeudi. Si les parents ont “un devoir de protection”, ils “ne peuvent pas tout contrôler”.

Un point de vue que partage Cécile Kindelberger, enseignante-chercheuse en psychologie du développement à Nantes Université. “À l’adolescence, les enfants ont besoin d’avoir leur jardin secret et leur vie à eux en dehors du regard parental”, observe-t-elle pour BFMTV.com.

Une montre connectée plutôt qu’un smartphone?

Stéphane*, père de deux garçons de 9 et 11 ans, a quant à lui opté pour une montre connectée lors de l’entrée en 6e de son aîné. “Je travaille dans la tech, je sais quels sont les dangers et les dérives”, explique-t-il à BFMTV.com. “Il n’était pas question qu’il ait un téléphone portable.”

Ce choix a été plutôt bien accueilli pas son fils. “On lui a vendu la montre comme un gadget à la James Bond.” Le garçon n’a accès ni à internet ni aux réseaux sociaux mais il peut appeler une liste restreinte de contacts – validés par ses parents. Quant aux messages, il ne peut qu’envoyer des notes vocales ou des émojis aux destinataires pré-approuvés.

“C’est aussi couplé à un GPS”, continue-t-il. “Ça nous permet de savoir qu’il est bien dans le bus le matin sans avoir à l’appeler et ça nous rassure. Il y a aussi un bouton SOS s’il est en danger.”

Stéphane est notifié lorsque son fils passe un appel ou enregistre une note vocale, avec des informations sur le destinaire et la durée de l’échange. L’application de la montre propose également une autre option, que Stéphane exclut d’utiliser: une alerte si l’enfant franchit une zone géographique préalablement définie.

Un “cordon ombilical virtuel”

Thomas Rohmer, de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique, craint que ce type de surveillance ne tourne au “flicage”. Pour lui, il est illusoire d’imaginer que de telles applications assurent toute la sécurité promise. “C’est comme si on considérait qu’une ceinture pouvait empêcher un accident de voiture.”

Un tel système de contrôle et de surveillance relève selon lui du “cordon ombilical virtuel” et de la “laisse numérique”. Il rappelle qu’aucune application de contrôle parental ne se substituera à un accompagnement éducatif.

“Davantage que de chercher à contrôler un environnement numérique en constante évolution, l’accompagnement et l’information des enfants et des jeunes est primordial pour leur donner les moyens de se protéger eux-mêmes dans leurs usages du numérique”, abonde la défenseure des Droits Claire Hédon dans son rapport.

Même mise en garde pour la psychologue Marie Danet, notamment sur les applications qui limitent la durée d’utilisation. Elle considère que le temps d’écran n’est qu’une variable et invite plutôt les parents à se pencher sur les contenus visionnés par les enfants.

“Ce qui est représentatif, ce n’est pas la durée d’utilisation mais la qualité”, ajoute-t-elle.

L’apprentissage de l’autonomie

D’autant qu’il n’est pas impossible de contourner ces restrictions. Sur certains sites et réseaux sociaux, les adolescents s’échangent ainsi des tuyaux pour déjouer la surveillance parentale. L’un des fils de Noémie est d’ailleurs parvenu – avant de se faire démasquer – à détourner l’heure de blocage du soir.

Un contrôle jugé intrusif qui peut pousser les jeunes au mensonge et à la dissimulation, redoute Cécile Kindelberger, l’enseignante-chercheuse en psychologie du développement. “C’est contre-productif et cela n’incite pas à l’apprentissage de l’autonomie.”

Stéphane, pour sa part, est satisfait de l’usage de la montre connectée par son fils aîné. “Je vois que ça le responsabilise. S’il est en retard, il nous prévient. Le contrat est rempli et pour moi, la bataille est gagnée.”

*Les témoins ont souhaité garder l’anonymat.

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Written by Germain

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