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les cas augmentent chez les seniors, la cible de la nouvelle campagne de prévention du Sidaction

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Alors que les campagnes de prévention et de sensibilisation au dépistage du VIH sont le plus souvent axées sur les jeunes générations, ce sont les plus de 50 ans qui sont cette année ciblés à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Un choix motivé par la recrudescence des découvertes de séropositivité au sein de cette classe d’âge, qui nécessite de rappeler l’importance du dépistage et du recours aux moyens de prévention disponibles. Les deux pierres angulaires pour tenter d’endiguer l’épidémie, comme l’explique Sandrine Fournier, directrice du Pôle Financements Recherche et Associations, à Sidaction.

Les campagnes de Sidaction sont généralement axées sur les adolescents et les jeunes adultes. Pourquoi avoir ciblé cette année les plus de 50 ans ?

Les raisons sont d’abord épidémiologiques. Depuis le début de l’épidémie, nous savons que la majorité des personnes qui découvrent leur séropositivité sont âgées en moyenne entre 25 et 49 ans. Bien que ce groupe soit clairement majoritaire en termes de découvertes de séropositivité, nous avons observé une baisse depuis 10 ans, de 70 à 60 % avec, en parallèle, une augmentation pour les autres classes d’âge. Et c’est justement ce qui attire aujourd’hui notre attention.

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Parmi les nouveaux diagnostics, les plus jeunes représentent environ 15 %, un chiffre stable depuis plusieurs années, alors que la proportion des plus de 50 ans, après s’être stabilisée autour de 20 %, recommence à augmenter depuis trois ans. C’est la raison pour laquelle nous cherchons aujourd’hui à connaître le profil de ces personnes, afin de savoir comment agir pour inverser la tendance. Cela passera bien évidemment par notre campagne annuelle, mais aussi via des actions qui cibleront plus particulièrement cette classe d’âge.

Comment expliquer cette hausse chez les 50 ans et plus ?

Justement, c’est tout le problème, pour l’heure, nous avons du mal à l’expliquer. On peut toutefois faire des hypothèses, et ce que je constate depuis longtemps déjà, c’est qu’au fond le VIH est considéré comme une maladie de vieux pour les jeunes, et comme une maladie de jeunes pour les vieux. Ces deux segments extrêmes, les plus jeunes et les plus âgés, sont ceux qui se sentent les moins concernés par le VIH. Mais il est très difficile d’affirmer quoi que ce soit pour la simple et bonne raison que nous ne connaissons pas le profil de ces personnes âgées de 50 ans et plus, et nous espérons en savoir plus avec les prochains chiffres de la veille sanitaire.

Après des années d’invisibilité dans les médias, les plus de 50 ans se libèrent de nombreux clichés, dont celui de ne pas être sexuellement actifs… Le fait d’avoir oublié, ou ignoré, ce fait a-t-il pu jouer un rôle dans le fait de ne pas les cibler plus tôt ?

C’est tout à fait possible. Comme je le disais précédemment, il y a des raisons épidémiologiques, puisque l’on s’adressait de manière privilégiée aux 25-49 ans, les plus touchés, dans nos grandes campagnes. Mais si l’on s’attarde sur notre dernier sondage, on apprend par exemple que le pic d’activité sexuelle pour les personnes âgées de 50 à 79 ans se situe autour de 55-59 ans, et cela était effectivement hors des radars.

Le sondage nous apprend aussi que parmi les 14 % de célibataires de 50 à 79 ans sexuellement actifs, un sur deux ne se protège pas. Comment expliquer que cette population, pourtant bien informée sur le VIH/sida, prenne de tels risques ? 

Au travers des discussions que je peux avoir avec des médecins, il s’agit de situations très variables. On en revient finalement toujours au fait qu’il n’y a pas de profil type, et c’est sans doute toute la complexité. La semaine dernière, on me parlait par exemple d’une femme de 60 ans qui, après une rupture conjugale, a rencontré un nouveau compagnon, et a découvert quelques années après le début de cette nouvelle relation sa séropositivité. Son nouveau compagnon ignorait probablement lui-même être séropositif…

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Si je vous cite cet exemple, c’est que l’on a aussi probablement affaire à des personnes qui ont été très longtemps en couple, et qui n’ont plus forcément, après 10, 20, ou 30 ans de relation, le réflexe du préservatif, et ce, même s’ils ont été parfaitement informés auparavant. Il y a aussi peut-être pour cette génération la peur du regard de l’autre au moment de proposer le préservatif, la crainte de passer pour une personne aux mœurs légères… Tous ces jugements autour de l’usage du préservatif pourraient également jouer un rôle.

Les autres moyens de prévention peuvent-ils dans ce cas être plus bénéfiques à cette classe d’âge ?

C’est une autre problématique, car malheureusement les plus de 50 ans ne connaissent pas les nouveaux moyens de prévention. Pendant longtemps, on ne disposait que du préservatif, mais aujourd’hui il y a par exemple la PrEP (Prophylaxie Pré-Exposition, ndlr), qui consiste à la prise d’un traitement, soit de manière continue soit avant et après un rapport sexuel, et qui est un moyen de prévention extrêmement efficace. Nous avons interrogé les personnes de plus de 50 ans à ce sujet, et elles sont très peu nombreuses à connaître ce nouveau moyen de prévention.

La question du dépistage se pose également chez les plus de 50 ans, avec seulement 13 % de célibataires sexuellement actifs qui ont fait un dépistage au cours des douze derniers mois. Comment remédier à ce constat ? 

Il faut vraiment faire des campagnes ciblées, qui s’adressent précisément à cette tranche d’âge sur le dépistage, qui est effectivement un point central. C’est très important. On sait bien aujourd’hui que le VIH est transmis par des personnes qui, en majorité, ignorent qu’elles sont porteuses du virus. Le dépistage est donc clairement la pierre angulaire de la prévention, avec un double impact. Il y a d’abord un bénéfice individuel, puisqu’avec la qualité des traitements dont on dispose désormais, plus tôt on est dépisté, mieux on va vivre, et aussi longtemps que des personnes séronégatives.

On sait bien aujourd’hui que le VIH est transmis par des personnes qui, en majorité, ignorent qu’elles sont porteuses du virus

Puis il y a un bénéfice collectif, car aujourd’hui lorsque l’on est porteur du VIH et que l’on prend un traitement, on ne transmet pas le virus. Il y aurait donc aussi un bénéfice sur la dynamique de l’épidémie à ce que les personnes qui contractent le VIH soient traitées le plus tôt possible. Pour revenir aux plus de 50 ans, il y a le regard de l’autre qu’il faut également prendre en compte, d’autant plus que l’on est quand même dans une société qui tend à considérer qu’après 50 ans on est comme asexué ; ce qui n’est bien évidemment absolument pas le cas. Les mentalités évoluent malheureusement bien moins vite que les réalités.

L’amélioration des traitements permet aujourd’hui de vivre plus longtemps… Peut-on parler d’un effet pervers, qui aurait pour conséquence une certaine négligence ou insouciance vis-à-vis du VIH ?

Il est difficile de répondre à cette question sans faire d’enquêtes ciblées, puisque c’est au cas par cas. Mais il faut dire que les représentations autour du VIH sont très ambivalentes, car beaucoup de gens se disent qu’il s’agit d’une maladie chronique, ni plus ni moins, alors qu’il ne faut pas négliger l’impact sur le plan social. L’énorme difficulté aujourd’hui est de vivre avec le VIH socialement, c’est très compliqué. Il est d’ailleurs très compliqué d’annoncer que l’on est séropositif, que ce soit à sa famille, à son partenaire, à ses amis, ou à son travail.

Il y a encore beaucoup de discriminations, aussi bien dans le milieu médical que dans la sphère sociale, donc je ne pense pas qu’il y ait plus d’insouciance ou de négligence en réponse à l’amélioration des traitements. Encore moins chez les plus de 50 ans d’ailleurs, car les questions de la mort et de la maladie sont plus présentes pour cette classe d’âge, sans parler de cet impact social qui n’est pas négligeable. Il faut savoir qu’il y a des associations qui accueillent des gens pour lesquels elles sont les seules et uniques interlocutrices sur le VIH, car les personnes concernées n’en ont parlé à personne d’autre. Et ça c’est très lourd à porter.

Sidaction a fait appel à Lio, Dave, et Partenaire Particulier, entre autres, pour cette nouvelle campagne axée sur l’émotion, plus que sur les messages chocs généralement adressés aux plus jeunes. Pourquoi ce choix ?

L’émotion est un excellent vecteur, tout simplement. Nous avons tous dansé sur les tubes des années 1980, qui nous accompagnent finalement au fil des années. Cela ne peut que mobiliser, attirer l’attention, et toucher le public, et davantage encore la cible de cette campagne. C’est un moyen sympathique et ludique d’attirer l’attention des personnes âgées de plus de 50 ans. D’autant plus que les artistes ont bien voulu réécrire les paroles de leurs propres tubes pour mettre en lumière les moyens de prévention contre le VIH, parmi lesquels la PrEP et le préservatif. Ce n’est pas forcément en faisant peur aux gens que l’on attire leur attention.

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