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Les tensions d’approvisionnement affectent toujours certains des antibiotiques les plus prescrits en France, notamment pour les enfants, conduisant les autorités de santé à recommander aux professionnels leur délivrance à l’unité.
Pharmacien dans l’une des plus grosses officines de Paris, Jean-Charles Rossi n’a “plus d’amoxicilline pour enfants”. En 25 ans de métier, c’est la première fois qu’il se retrouve en rupture de cet antibiotique sous forme de sirop, donné aux enfants pour lutter contre une série d’infections bactériennes comme certaines otites et pneumonies. Des pénuries de ce médicament sous forme de comprimés ont aussi été annoncées.
“Les difficultés d’approvisionnements en amoxicilline, seule ou en association à l’acide clavulanique, persistent”, écrit en effet la Direction générale de la santé (DGS), dans un message adressé lundi aux professionnels de santé. Elle recommande donc aux professionnels la délivrance d’antibiotiques, dont l’amoxicilline, “à l’unité” et non plus par boîte.
Dans les faits, les patients recevront des doses d’antibiotiques pour la durée exacte de leur traitement, et pas plus. Et “les unités restantes dans la boite seront conservées à la pharmacie de façon à être utilisées lors d’une dispensation ultérieure”, écrit la DGS.
Dans le contexte actuel, “il est rappelé que la prescription, comme l’utilisation, à bon escient des antibiotiques sont essentielles”, appuie-t-elle.
“On a un gros gros problème”
Au sujet de l’amoxicilline, principal antibiotique prescrit aux enfants en France, le ministre de la Santé François Braun avait reconnu le 20 novembre qu’une date de retour à la normale était “difficile à dire”. “Dans les semaines, les mois qui viennent”, avait-il ajouté.
Dans cette pénurie, les autorités sanitaires pointent du doigt une hausse de la demande après plusieurs années marquées par la crise du Covid et des restrictions sanitaires qui avaient réduit la propagation de multiples maladies. “Les stocks n’ont pas été à la hauteur habituelle” et “les lignes de production doivent être relancées”, avait détaillé l’ANSM lors d’une conférence de presse.
“Cela fait à peu près un mois que les produits sont en tension, et on n’est qu’au début de l’hiver, avec le Covid, la grippe et les angines, on a un gros gros problème”, s’inquiète Jean-Charles Rossi.
D’autres méthodes pour économiser cet antibiotique
Les autorités avaient déjà adopté des mesures d’urgence, dont un rationnement limitant la quantité que peut commander chaque pharmacie, et appelé les médecins et les patients à n’utiliser l’amoxicilline que si nécessaire: ils n’ont par exemple aucun intérêt contre les “bronchites, rhinopharyngites, laryngites” ou encore les bronchiolites, alertent plusieurs sociétés de pédiatrie dans un communiqué.
“En période de pénurie, ces prescriptions inutiles ne sont plus admissibles”, est-il écrit.
D’autres conseils émergent pour économiser les antibiotiques. “Deux possibilités: la première c’est déjà de ne traiter systématiquement que les enfants de moins de six mois, et entre six mois et deux ans, de se laisser 24h à 36h de recul avant de débuter une antibiothérapie”, explique par exemple sur BFMTV Romain Basmaci, secrétaire général de la Société française de pédiatrie.
Il avance également la possibilité de raccourcir la durée du traitement dans certains cas.
Les différentes sociétés de pédiatrie alertent aussi sur un effet domino possible: les difficultés d’approvisionnement des formes pédiatriques d’amoxicilline pourraient retentir sur la disponibilité de l’ensemble d’autres formes orales d’antibiotiques et d’antibiotiques pédiatriques.
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