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les résultats positifs de Merck et Moderna, un espoir pour la médecine?



Pour Marie-Dominique Galibert, membre du conseil scientifique national de la Ligue contre le cancer, “on peut être enthousiaste mais on n’y est pas encore”.

Faut-il déjà se réjouir des résultats préliminaires positifs de Moderna et Merck pour leur vaccin contre le cancer de la peau? Les laboratoires américains ont annoncé mardi des résultats encourageants pour ce vaccin à ARN messager en cours de développement, lorsqu’il est pris avec le traitement anti-cancéreux Keytruda.

Lors d’un essai sur plus de 150 personnes atteintes d’un mélanome, la prise du vaccin en même temps que le médicament Keytruda a permis de réduire de 44% le risque de réapparition du cancer ou de décès, comparé aux personnes uniquement traitées avec l’anticancéreux, selon les résultats annoncés mardi. Ces derniers n’ont pas encore fait l’objet d’une publication scientifique et n’ont donc pas été vérifiés par des pairs.

Un vaccin “pas pour demain”

“Évidemment, c’est intéressant ces 44%, mais il faut aussi regarder le bénéfice-risque, avec le risque d’effets secondaires”, explique à BFMTV.com Marie-Dominique Galibert, membre du conseil scientifique national de la Ligue contre le cancer et chercheuse en génétique spécialiste de l’ARN messager et du mélanome.

“Pour moi, scientifique, ce sont des avancées d’intérêt. Mais le vaccin n’est pas pour demain”, souligne-t-elle: “on peut être enthousiaste mais on n’y est pas encore”.

Les laboratoires veulent lancer en 2023 des essais de phase 3, soit sur un nombre plus important de patients. La commercialisation du produit, si les essais aboutissent, ne devrait donc pas arriver avant quelques années.

L’ARN messager contre le cancer

Moderna avait déjà fait une irruption fracassante sur le marché pharmaceutique en étant l’un des premiers, avec Pfizer-BioNTech, à proposer un vaccin contre le Covid-19 utilisant l’ARN messager. Là où un vaccin repose traditionnellement sur l’administration d’un agent infectieux atténué ou inactivé, cette technologie crée une “copie” du génome du virus ciblé: “l’idée est de laisser nos cellules fabriquer elles-mêmes le composant contre lequel notre organisme va apprendre à se défendre”, explique l’institut de recherche médicale public Inserm sur son site.

“Dans le cadre des cancers, les cellules cancéreuses génèrent des mutations au niveau du génome, ce qui produit des marques, qui vont par le système immunitaire être reconnues comme étant du ‘non-soi’, comme les particules virales des virus”, développe Marie-Dominique Galibert.

Ces protéines, reconnues comme étrangères, sont celles ciblées par l’ARN messager, grâce auquel “le système immunitaire va être rendu actif”, selon le professeur Galibert.

“Mais on est dans une balance où souvent, en cancérologie, le système immunitaire peut être freiné. D’où l’idée d’associer le Keytruda”, note-t-elle.

En effet, le Keytruda est un traitement d’immunothérapie, un traitement qui sert à stimuler les défenses immunitaires de l’organisme contre les cellules cancéreuses.

Des perspectives pour d’autres cancers

Pour le professeur Galibert, si les résultats de Merck et Moderna sont concluants, “cela va ouvrir la voie à une vaccination thérapeutique en première ligne”.

Ce vaccin serait alors le premier traitement donné contre les mélanomes, là où la chirurgie est généralement priorisée actuellement. Pour cet essai des laboratoires américains, les patients avaient subi une opération pour retirer la tumeur avant de recevoir le traitement – neuf doses de vaccin. Adapté, il pourrait aussi servir face à d’autres cancers, comme les cancers du poumon, estime Marie-Dominique Galibert.

Les cancers représentent en France la première cause de décès chez l’homme et la deuxième chez la femme, derrière les maladies cardiovasculaires, selon Santé publique France. Le mélanome de la peau est quant à lui le “cancer pour lequel le nombre de nouveaux cas par an (incidence) augmente le plus”, note l’Institut national du cancer sur son site, avec une incidence en hausse de 4% chez l’homme et de 2,7% chez la femme depuis 30 ans.

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Written by Pierre T.

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