Barbara
J’ai retiré mon casque, craignant de vomir. J’ai crié à l’aide. Mon partenaire m’a trouvé en position fœtale, en sueur froide, sur le sol de la salle de bains. J’avais passé juste une heure dans le métaverse à habiller mon avatar, à faire des grimaces dans le miroir virtuel et à apprendre à lever ma montre-bracelet virtuelle pour ajuster les paramètres du système. Maintenant, je ne pouvais pas ouvrir les yeux sans voir la grille virtuelle reflétée dans le carrelage du sol, marquant la frontière où j’avais franchi une zone dangereuse. Malgré toute ma recherche, je n’étais pas préparé à la réalité viscérale de la façon épouvantable qu’un voyage en réalité virtuelle pouvait me faire ressentir – physiquement, mentalement et émotionnellement.
Un collègue analyste avait dit que nous ne devrions pas écouter quelqu’un qui a une opinion sur le métaverse s’ils n’y ont pas passé du temps eux-mêmes. Formé en tant que scientifique social et ethnographe, j’étais d’accord sur ce point – je ne pouvais pas le critiquer avant de l’avoir essayé moi-même.
Les effets viscéraux de la réalité virtuelle sont réels. C’est par conception – les ingénieurs se concentrent sur la création d’une expérience de réalité virtuelle aussi immersive que possible pour obtenir une sensation de ce que Mark Zuckerberg appelle “la présence”.
Les grandes entreprises technologiques parient que la réalité étendue – réalité virtuelle, réalité augmentée et autres – introduira la prochaine génération d’interfaces informatiques matérielles, nous entraînant dans une ère informatique spatiale et incarnée. Les principes d’innovation responsables doivent s’étendre au-delà de la protection de la vie privée et de la gestion des données pour considérer le devoir de soin des utilisateurs dans les interfaces émergentes d’informatique immersive et incarnée. Les technologues devront avoir un devoir de soin envers les utilisateurs pour les impacts des interfaces si intimement liées à notre sens de nos corps et de la réalité elle-même.
