Mathieu
L’industrie des télécommunications a lancé les réseaux 5G il y a trois ou quatre ans, mais elle peine encore à trouver un cas d’utilisation clé qui consolidera la place de la 5G dans les plus hauts niveaux de la technologie cellulaire. Néanmoins, les réseaux 5G offrent des services meilleurs et plus rapides que la 4G en général. Cependant, comparés aux services 5G d’il y a un an, les temps de téléchargement et de téléversement des réseaux ont généralement décliné dans le monde entier. Selon les données des tests de vitesse de la société de diagnostics de réseau Ookla, même les réseaux 5G les plus robustes ne dépassent actuellement guère 1 gigabit par seconde, bien en dessous de l’objectif idéal de l’Union internationale des télécommunications de 20 Gbps.
Les réseaux 5G continuent donc de présenter des difficultés de déploiement. Les opérateurs de réseau ont commencé leurs déploiements en activant des réseaux 5G non autonomes, c’est-à-dire en construisant un réseau 5G sur l’infrastructure principale d’un réseau 4G existant. Même si les réseaux 5G non autonomes ne sont pas aussi performants que les alternatives autonomes, ils sont beaucoup moins chers et plus faciles à déployer car ils n’ont pas besoin d’être construits à partir de zéro.
Cette stratégie a toutefois entravé les déploiements 5G, car les opérateurs sont limités à la construction de réseaux 5G partout où ils ont des tours cellulaires et d’autres infrastructures existantes. Mais le coût n’est pas le seul facteur. Les opérateurs se heurtent également à des problèmes réglementaires et d’autorisation, notamment dans les zones urbaines denses, où le plus grand défi consiste simplement à trouver un endroit pour installer un nouveau site de téléphonie dans un premier temps.
À l’extérieur des villes, d’autres problèmes se posent. Un grand argument de vente pour la 5G est la possibilité d’accéder à de nouvelles bandes de spectre, notamment la bande de fréquences millimétriques (de 24 GHz à 40 GHz), qui peut prendre en charge des latences plus faibles et des débits plus élevés. Cependant, la limite de toutes les fréquences élevées est qu’elles ne se déplacent pas particulièrement loin. Cela est idéal pour les villes, mais moins pour les banlieues ou les zones rurales. À mesure que de plus en plus de personnes dans de plus en plus de lieux commencent à utiliser des réseaux 5G, on peut s’attendre à une certaine dégradation des performances du réseau, du moins en moyenne, en raison de ce fait.
La bande de fréquences millimétriques n’a pratiquement pas été utilisée en dehors d’un petit nombre de pays, notamment les États-Unis. Des entreprises comme Verizon, initialement optimistes quant à la fréquence millimétrique, se sont plutôt tournées vers d’autres bandes nouvellement disponibles, notamment la bande C (de 4 à 8 GHz).
Il est trop tôt pour dire si le développement de la 6G sera affecté par les premiers échecs de la 5G, mais il y a quelques impacts possibles. Il est concevable, par exemple, compte tenu du lancement peu ambitieux de la fréquence millimétrique, que l’industrie consacre moins de temps à la recherche sur les ondes térahertz et envisage plutôt une fusion des technologies cellulaires et Wi-Fi dans les zones nécessitant une couverture dense.
En somme, la 5G est confrontée à des difficultés de déploiement en raison des contraintes de coût, d’infrastructures préexistantes et d’obstacles réglementaires et d’autorisation. Toutefois, l’acquisition de nouvelles fréquences a aidé les opérateurs à rester en tête dans les pays comme les États-Unis et une forte inestissement à l’occasion de grands événements comme la Coupe du Monde FIFA 2022 a permis au Qatar de bénéficier d’un réseau solide. Même si la 5G ne répond pas encore tout à fait aux attentes telles que définies par l’international Telecommunication Union pour la vitesse de téléchargement de 20 Gbps, l’objectif de l’organisation en matière de “taux de données d’expérience utilisateur” de 100 mégabits par seconde en téléchargement et de 50 Mbps en téléversement est tout à fait atteignable.
