in

Recherche sur la maladie d’Alzheimer : des soupçons d’inconduites scientifiques


Image de synthèse 3D représentant des plaques amyloïdes (marron) dans le cerveau, qui tuent les neurones environnants (bleu). Les plaques en grand nombre sont caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.

La maladie d’Alzheimer, qui touche 50 millions de personnes dans le monde, est un enjeu majeur de santé publique. Mais malgré des efforts de recherche intenses depuis des décennies, aucun médicament susceptible de ralentir son évolution n’est encore disponible. Serait-ce parce que certaines des pistes de recherche sont pavées de travaux frauduleux ?

C’est ce que suggère une enquête de la revue Science, publiée le 22 juillet, qui a mis ses pas dans ceux d’un chercheur américain de l’université Vanderbilt (Nashville, Tennessee), Matthew Schrag. Les investigations de ce neuroscientifique et neurologue ont commencé dans une ambiance de thriller à l’américaine : un cabinet d’avocats le contacte pour examiner les travaux concernant le simufilam, un médicament anti-Alzheimer développé par le laboratoire américain Cassava Sciences. Cette petite molécule améliorerait les fonctions cognitives en stabilisant une protéine, la filamine A, contribuant ainsi à stabiliser diverses protéines dans le cerveau dont les peptides β-amyloïdes, emblématiques de la maladie.

Les avocats étaient mandatés par des chercheurs petits porteurs d’actions de Cassava Sciences, qui craignaient une fraude sur ces recherches. En se penchant sur la littérature scientifique émanant de la société et de chercheurs associés, indépendamment de ses propres tutelles universitaires et hospitalières, Matthew Schrag n’a pas tardé à identifier de possibles manipulations, portant sur des images scientifiques et des données numériques.

Le simufilam en question

Ses découvertes – rémunérées 18 000 dollars par le cabinet d’avocats – ont nourri une réclamation adressée à l’agence américaine du médicament, la Food and Drug Administration (FDA) en août 2021, lui demandant d’interrompre deux essais cliniques sur le simufilam. La lettre invoquait « de multiples raisons de questionner la qualité et l’intégrité des travaux sous-tendant son administration dans la maladie d’Alzheimer ». La FDA a rejeté cette demande.

Depuis, de nombreux articles de Hoau-Yan Wang (City University of New York, CUNY), conseiller de Cassava, et de Lindsay Burns, vice-présidente de la compagnie, qui avaient codécouvert la cible du simufilam, ont été passés au peigne fin. Cet examen a déjà abouti à des corrections, des alertes aux lecteurs – « expressions of concern » – de la part des journaux scientifiques les ayant publiés, voire des rétractations pures et simples.

Le site PubPeer, où des questions peuvent être soulevées publiquement sur la qualité de travaux scientifiques, rapporte des commentaires et des critiques sur 33 articles signés par Hoau-Yan Wang. L’une de ces publications, rétractée, a été menée en collaboration avec des chercheurs français dont certains appartiennent à l’Institut de recherches internationales Servier. Matthew Schrag, rapporte Science, a pour sa part constitué un dossier de 34 articles de chercheurs en lien avec Cassava soulevant de « sérieuses inquiétudes d’inconduite scientifique ». Il l’a récemment adressé aux National Institutes of Health (NIH), qui ont financé les travaux incriminés à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars. Si des fraudes étaient avérées, il pourrait recevoir une part des sommes remboursées en récompense de ce signalement. Le président de Cassava, Remi Barbier, qui est aussi l’époux de Lindsay Burns, rejette toutes les allégations, indique Science.

Il vous reste 57.48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

What do you think?

Written by Milo

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

RED By SFR offre un iPhone X avec cette promo (dernier jour)

La Nasa veut utiliser le Soleil pour voir la surface des exoplanètes !