La canicule vient s’ajouter aux multiples déboires d’EDF. Alors que le thermomètre s’emballe un peu partout en France, et que l’eau vient par endroits à manquer, l’énergéticien a indiqué, vendredi 5 août, devoir encore réduire sa production, et ce en raison de la chaleur. De fait, les centrales qui se doivent de pomper de l’eau pour refroidir leurs réacteurs sont soumises à des limites réglementaires de température de rejet dans les cours d’eau qui les bordent.
Actuellement, deux centrales sont concernées, celle de Golfech (Tarn-et-Garonne) et celle du Bugey (Ain), tandis que le groupe avait averti, jeudi 4 août, qu’il pourrait par ailleurs mettre à l’arrêt un réacteur de celle du Tricastin (Drôme). A Golfech, un des réacteurs a vu sa puissance abaissée. « A la demande du gestionnaire de réseau d’électricité national RTE, l’unité de production numéro 2 de la centrale de Golfech reste en production (puissance minimale) [ce qui correspond à 300 mégawatts (MW) contre 1 300 MW normalement] dans le respect des dispositions prévues par l’arrêté du 18 septembre 2006 », a précisé EDF dans un communiqué.
Ces mesures prévoient que soient établis des seuils plus élevés « en cas de conditions climatiques exceptionnelles ». Ce qui, en l’occurrence, est le cas à Golfech, où la température de la Garonne a atteint 28 °C. De son côté, la centrale du Bugey – qui a également fait l’objet de dérogations temporaires pour relever ces seuils – a dû réduire la puissance de deux de ses réacteurs. « Les unités de production numéros 2 et 5 ont été maintenues sur le réseau dans le respect des dispositions relatives aux situations climatiques exceptionnelles », a signalé le groupe, qui relève une température du Rhône de plus de 25 °C.
Barrages et centrales à gaz aussi
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a par ailleurs prolongé jusqu’au 11 septembre la dérogation environnementale, qui courait initialement jusqu’au 7 août, dont bénéficiaient déjà quatre centrales – Bugey, Blayais [Gironde], Golfech, Saint-Alban [Isère] – afin de poursuivre leur fonctionnement. « L’ASN a également autorisé, jeudi 4 août, une cinquième autorisation de dérogation, concernant celle de Tricastin », a-t-on ajouté au ministère de la transition énergétique, qui a avalisé formellement cette décision dans un arrêté publié samedi 6 août au Journal officiel.
Pour l’heure, EDF relativise la portée de ces aléas, indiquant que, depuis 2000, les pertes de production ont représenté en moyenne 0,3 % de la production annuelle du parc. Néanmoins, cette année, ces baisses sont intervenues plus tôt que d’habitude – dès le mois de mai. « Depuis le début de 2022, 470 gigawattheures [GWh] ont été perdus par rapport à 2021 à cause de la météo », calcule-t-on chez Callendar, une start-up française qui évalue l’impact du changement climatique sur le parc nucléaire. Cela reste encore limité, correspondant à 0,13 % de la production totale d’électricité nucléaire.
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