Pénalisé par la chute des valeurs technologiques, Softbank a annoncé s’apprêter à concrétiser sa descente au capital du géant chinois de l’e-commerce Alibaba, un de ses plus gros investissements et un des paris les plus juteux de l’industrie du private equity, en enregistrant un gain, en grande partie comptable, de 34 milliards de dollars (4.600 milliards de yens environ).
Concrètement, alors qu’il avait récemment à nouveau actionné des produits dérivés complexes lui permettant de considérablement monétiser sa participation dans Alibaba – cette fois à hauteur de potentiellement 22 milliards selon le « Financial Times » -, le géant japonais de l’investissement dans la tech dirigé par Masayoshi Son décide de renoncer à la possibilité de racheter les actions du groupe chinois comme il l’avait fait à de nombreuses reprises par le passé. Le « Wall Street Journal » explique que la valorisation des actions restantes sera revue à la hausse dans les comptes de SoftBank.
Une relation de 22 ans
Une page est près de se tourner, donc, dans la relation de vingt-deux ans entre les deux groupes chinois et japonais. Softbank réduit sa participation de 24 % à 15 %, ce qui signifie qu’il ne devrait plus avoir de siège au conseil d’administration et qu’il ne devrait pas non plus consolider les résultats d’Alibaba dans ses comptes.
Pour les analystes, la probabilité augmente que Masayoshi Son solde cette participation qui a fait sa réputation. Les investisseurs l’y poussent alors que le contexte réglementaire se durcit en Chine notamment pour les investisseurs étrangers. SoftBank a déjà fait part de son désir d’être moins exposé à la tech chinoise.
L’opération est destinée à rassurer les marchés après la série de pertes enregistrées par SoftBank menaçant potentiellement sa stabilité et faisant renaître les rumeurs d’un retrait de la Bourse. Cette opération « permettra d’éliminer les préoccupations concernant les futures sorties de fonds et, en outre, de réduire les coûts associés à ces contrats à terme prépayés », a déclaré SoftBank. La société réfléchit à vendre sa part dans le gérant d’actif américain Fortress et dans la société de finances personnelles américaine SoFi Technologies.
Des pertes d’une vingtaine de milliards
Au cours du premier trimestre de son exercice en cours, le groupe japonais a essuyé une nouvelle perte record de 3.163 milliards de yens, soit environ 23 milliards d’euros, principalement à cause de dépréciations d’actifs. En mai, Masayoshi Son avait révélé que les Vision Funds 1 et 2 – les fonds d’investissement géants que pilote SoftBank – avaient enregistré, sur l’année fiscale terminée en mars dernier, une perte record de 27 milliards de dollars . Ces fonds étant partiellement financés par d’autres grands investisseurs, dont l’Arabie saoudite, Masayoshi Son a précisé que la part de cette perte directement attribuable à SoftBank Group était de 13 milliards de dollars.
Comment affronter la montée des incertitudes ?
Inflation, hausse des taux d’intérêt, Ukraine et maintenant incertitude politique, les chocs se multiplient. Pour évoluer dans un environnement de plus en plus complexe, l’expertise de la rédaction des Echos est précieuse. Chaque jour, nos enquêtes, analyses, chroniques et édito accompagnent nos abonnés, les aident à comprendre les changements qui transforment notre monde et les préparent à prendre les meilleures décisions.
Je découvre les offres