Avec la main de possibles incendiaires, les feux de tourbe – ou « feux zombies » – sont tenus pour responsables des reprises de l’incendie de Landiras (Gironde), qui avait détruit 14 000 hectares en juillet, et dont la progression semblait marquer le pas, vendredi 12 août, en début de matinée.
Selon les autorités et les pompiers, ces feux souterrains, qui couvaient donc depuis juillet, ont eu un rôle d’accélérateur dans la reprise du brasier – qui a brûlé 7 400 hectares vendredi matin et gagné les Landes voisines.
« Il y a autant de feux qui viennent des feux anciens – la partie visible s’est enterrée et ressort à la faveur d’une météo extrêmement défavorable – que des feux qui peuvent être d’origine criminelle », avait fait savoir mercredi Martin Guespereau, préfet délégué pour la défense et la sécurité à la préfecture de Nouvelle-Aquitaine. Le même jour, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait estimé qu’il y avait « de grandes suspicions » que ces reprises de feu soient « le fait d’incendiaires », à en juger par les « quelques centaines de mètres d’intervalle » qui séparaient les départs de feu constatés.
Un « feu sans flammes, comme un charbon qui se consume »
Le feu de Landiras était fixé depuis le 29 juillet, mais n’a « jamais été déclaré éteint », selon la préfecture ; « il s’était enterré » dans cette tourbe typique du secteur. « Il couvait et ne demandait qu’à repartir », selon le commandant Matthieu Jomain, porte-parole des pompiers qui luttent contre les feux récents.
Parfois nichés à 1 mètre sous terre, ces feux se consument lentement dans ces sols tourbeux et sont difficiles à détecter. « C’est très vicieux, c’est un feu sans flammes, comme un charbon qui se consume », explique Anthony Collin, enseignant-chercheur à l’université de Lorraine et responsable de l’opération scientifique Feux. En forêt, la tourbe est une accumulation de matière spongieuse inflammable, riche en carbone, qui résulte de la décomposition au fil du temps de la matière végétale.
« Lorsqu’il y a des feux de résineux, comme c’est le cas en Gironde, les arbres brûlent, tombent et transmettent le feu aussi sous le couvert végétal le plus bas qui va être au plus près du sol, et ce feu va pénétrer en profondeur petit à petit dans la tourbe. Et donc ce sont des feux qui vont être compliqués à éteindre », décrit Stéphan Horn, lieutenant-colonel chez les sapeurs-pompiers et conseiller technique feux de forêt au service départemental d’incendie et de secours des Yvelines.
La pluie n’est pas attendue avant dimanche
En cheminant dans des galeries, ces braises souterraines peuvent resurgir à la surface ici et là, selon Anthony Collin. Il suffit alors qu’elles rencontrent des conditions météorologiques défavorables, « un apport d’air, du vent [et] un stress hydrique conséquent », « et ça reflambe aussitôt », ajoute le commandant Matthieu Jomain.
« Ça va durer très longtemps en Gironde, vu la surface qui a brûlé, vu la tourbe qui est présente », selon le lieutenant-colonel Stéphan Horn. La pluie n’est pas attendue avant dimanche. « Mais il faudrait des pluies diluviennes pour que ça nous aide », assure le commandant Jomain.
En Gironde, les renforts européens étaient engagés sur le terrain dès vendredi matin pour venir en aide aux 1 100 pompiers français déjà à l’œuvre depuis mardi après-midi. Au total, 361 pompiers européens ont pris la route du sud-ouest de la France.
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