Il fait près de 30 °C à Bilbao, en Espagne, mais Juan Ignacio Vidarte a veillé à baisser la climatisation de son ample bureau aux murs blancs. Un petit geste écoresponsable, car le directeur du Musée Guggenheim veut montrer l’exemple à ses équipes et, au-delà, aux autres musées. Pour « verdir » le vaisseau de titane signé Frank Gehry, il a été décidé de restreindre les consommations énergétiques, de porter une politique d’achats responsables pour la boutique, de diminuer la production de déchets, de privilégier la location plutôt que la fabrication de nouvelles caisses pour le transport des œuvres d’art…
« La transition écologique est l’une de nos priorités depuis 2021 », affirme-t-il. Le dispositif d’irrigation du Puppy de Jeff Koons a été, lui aussi, repensé. L’immense sculpture végétale composée de 40 000 plantes, érigée sur le parvis du musée, a fait l’objet d’un traitement particulier. « On peut désormais contrôler avec des capteurs le volume d’eau nécessaire », détaille Juan Ignacio Vidarte. Certaines actions portent déjà leurs fruits. Le passage, dès 2018, à l’éclairage à LED a réduit l’émission de gaz à effet de serre de 400 tonnes par an.
Voilà trois ans, le musée-phare espagnol produisait 4 300 tonnes de CO2, « l’équivalent de la consommation de 150 familles par an », rappelle Juan Ignacio Vidarte. En France aussi, les musées répètent en chœur que la transition écologique est en haut de la pile des dossiers brûlants. Universcience, qui regroupe le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris, met un point d’honneur à atteindre une neutralité carbone à l’horizon 2030. Symboliquement, l’établissement public, qui a réduit son parc automobile de moitié, interdit à ses employés les voyages aériens pour tout trajet professionnel en Europe inférieur à six heures.
« Démarche participative »
Le Palais de Tokyo, lui, dont les expositions évoquent souvent les périls écologiques, voudrait rattraper son retard : il s’est engagé à réduire sa consommation au minimum de 40 % d’ici à 2030, et de 60 % en 2050. Mais il a fallu attendre 2020 pour que soit créée une direction responsabilité sociétale des entreprises. Et ce n’est qu’en 2022 que le centre d’art parisien, le plus grand de France et d’Europe avec ses 22 000 mètres carrés, a réalisé son premier bilan d’émissions de gaz à effet de serre, dont les résultats doivent être livrés en août.
Toujours à Paris, au Musée d’Orsay, qui fait la part belle à la première révolution industrielle, c’est un collectif d’agents qui a lancé le train du développement durable. A leur initiative, un premier plan d’action a été lancé, en 2019. Mobiliser les équipes du musée, voilà le mot d’ordre. « On veut construire une démarche participative, permettant à tous de s’impliquer dans la conduite du changement », insiste Virginie Donzeaud, administratrice générale adjointe du musée.
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